Le flegme en plus...

S'inspirer et inspirer: voici résumée la visite des ministres de l'Economie et des Finances en Grande-Bretagne.

Source : Le Jeudi
Publication date : 07/28/2016

 

S'inspirer? En visitant des lieux clés en matière de recherche et d'innovation. Comme l'accélérateur pour start-up dans les domaines des Fintech et de la cybersécurité – le plus grand d'Europe dans sa spécialité – Level 39 situé au cœur du quartier d'affaires de Londres. L'occasion de mesurer ce qu'il reste à parcourir alors que va se mettre en place au Grand-Duché la Luxembourg House of Financial Technologies (LHoFT).

L'occasion de rencontrer aussi certaines des start-up y hébergées. Des jeunes pousses que la Brexit inquiète car, par nature, leur marché domestique ne peut se limiter à un seul pays. Celles-ci vont-elles se délocaliser ou bien être tentées par une politique de création de filiales, voire de rachat de concurrents installés au sein de l'UE?

Des scénarios à l'étude. Ces entreprises en sont, pour la plupart, à une phase de prise de renseignements. Le Luxembourg ICT Cluster a tenté de répondre à toutes les questions. 40 entreprises britanniques, relevant majoritairement du secteur des technologies financières, ont participé à ce séminaire.

Même scénario dans le secteur de l'industrie avec une visite du National Composite Centre (NCP) installé à Bristol afin de signer un protocole d'accord portant sur l'établissement d'une coopération scientifique avec le futur Centre de compétences national pour matériaux composites, qui sera géré par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). De quoi booster un secteur qui emploie actuellement au pays 1.600 personnes et qui va se renforcer encore suite à l'annonce de la société Euro-Composites d'investir 61 millions d'euros sur son site, avec la création à la clé de 230 emplois.

La Fedil était également du voyage et a, en présence d'Etienne Schneider, rencontré les représentants de la Confederation of British Industry (CBI). L'occasion d'écouter les préoccupations du patronat britannique sur les conséquences, au niveau de la libre circulation des personnes, des capitaux et de l'accès aux financements européens une fois le Brexit mené à bien.

Ce sentiment d'insécurité, les politiques luxembourgeois le perçoivent et en jouent. L'imprévisibilité quant à l'avenir politique et économique est palpable au sein du milieu entrepreneurial britannique. «En raison des fortes relations commerciales et financières que nous entretenons depuis toujours, le Luxembourg a intérêt à œuvrer au niveau européen pour que le Royaume-Uni ne soit pas isolé de l'UE» , a affirmé Etienne Schneider.

Un rempart face à l'insécurité

Pour le ministre, ce sentiment d'insécurité devrait précipiter les choses. Il n'imagine pas que les entreprises puissent patienter deux ans que les négociations de sortie soient finalisées. Il s'attend même à des mouvements dès la fin de l'été.

Même son de cloche du côté de Pierre Gramegna parti à la rencontre des représentants du secteur financier. Lui aussi fait sien le constat d'incertitude. «Les entreprises établies au Royaume-Uni se posent de nombreuses questions sur leur stratégie de développement pour les années à venir. Dans ce contexte, le Luxembourg est perçu comme un havre de stabilité, offrant un cadre juridique fiable et des solutions pragmatiques. L'approche constructive du gouvernement luxembourgeois, qui contraste avec les démarches agressives de certains autres centres financiers, est grandement appréciée par les acteurs britanniques.» Pierre Gramegna a enfoncé le clou devant les média réaffirmant que le Brexit n'empêchera pas la poursuite des affaires dans le secteur financier depuis Londres.

L'approche flegmatique paiera-t-elle? Elle n'est en tout cas pas rejetée comme celle jugée agressive de certains pays – au premier rang duquel on trouve la France, qui voulait «dérouler le tapis rouge» .

«Notre tactique de ne pas apparaître comme des prédateurs a été très bien accueillie par les politiques comme par les professionnels» , indique Etienne Schneider. Pas mécontent de sa moisson: l'intérêt est là. Et c'est un intérêt concret. Les discussions sont bien avancées pour certaines délocalisations. Dans le milieu financier, mais aussi dans l'industrie. Et de citer deux secteurs: l'aviation et les médias. Les avions tout comme les chaînes de télévision ont besoin du passeport européen...

Le ministre va recevoir les entrepreneurs intéressés. Et prépare déjà d'autres tournées.

Marc Fassone

 

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