Recherche philanthropique

Après la prédiction de la production d'énergie photovoltaïque, les deux partenaires s'attaquent à la problématiquedes villes énergétiquement intelligentes.

Source : Le Jeudi
Publication date : 09/15/2016

 

«Recherche scientifique, technologie..., la philanthropie peut soutenir un grand nombre de domaines.» C'est le message qu'a tenu à faire passer Tonika Hirdman, la directrice générale de la Fondation du Luxembourg lors de la présentation des résultats du projet de recherche PV-Forecast. Un projet conduit par le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) avec le soutien de la Fondation Enovos. Un soutien qui s'est élevé à 300.000 euros.

La fondation Enovos, sous la tutelle de la fondation du Luxembourg, a reçou pour mission d'œuvrer pour le développement durable en soutenant des projets de recherche au pays et dans la Grande Région liés aux énergies renouvelables et à l'environnement. « Tout développement ne peut se concevoir sans une logique de durabilité », insiste Marc Solvi, le président de la fondation. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle soutient aussi des projets qui visent à ancrer le concept de durabilité dans le corps social.

Du côté d'Enovos, la fondation créée en 2010 est vue comme un moyen de soutenir la recherche afin de faire face aux deux grands défis industriels qui se posent à elle: la transition énergétique et la digitalisation.

Quant au List, il est, pour Gabriel Crean son CEO, dans son rôle qui consiste à développer une recherche scientifique et technique « rapidement transférable à l'industrie » et faciliter les changements sociétaux. Le projet PV-Forecast? «Il présente des résultats prometteurs», selon toutes les parties intéressées. L'étude avait pour but de mettre au point un modèle de prédiction de la production régionale d'énergie des systèmes photovoltaïques pour les 72 heures à venir.

Un bel exercice théorique, mais qui répond à un défi industriel majeur: permettre aux fournisseurs d'énergie et aux gestionnaires de réseaux de mieux gérer l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans ces réseaux. Avec comme objectif de préserver la stabilité de ceux-ci. Grâce aux prévisions, ils savent à l'avance quel type d'énergie alimentera le réseau et à quel endroit.

Soleil d'hiver

Ce n'est pas que le réseau soit menacé par le photovoltaïque au Luxembourg. Cette énergie ne représente que le septième de l'électricité qui y circule et son incorporation ne présente aucune difficulté. Mais Jean Lucius, CEO de Enovos International, se prépare à la multiplication de la production.

Et ce, d'autant plus que même si le Luxembourg ne brille pas par son ensoleillement, les autres alternatives en matière d'énergies renouvelables (l'éolien et la biomasse) n'offrent que des perspectives limitées.

Les perspectives de croissance du photovoltaïque sont quant à elles bien plus prometteuses. Prometteuses, mais bornées par les capacités de stockage et, par nature, variables. PV-Forecast peut maintenant être implémenté chez les fournisseurs d'énergie et les gestionnaires de réseaux. Enovos va d'ailleurs le faire. Et le List s'est mis en quête de potentiels clients. Avec un argument commercial supplémentaire: l'algorithme du modèle permet un auto-apprentissage du système qui peut améliorer, par lui-même, sa performance et réduire sa marge d'erreur.

Ce projet, mené sur trois ans, étaant achevé, le List et la fondation Enovos ont présenté son successeur: «Secure», un projet bâti autour des «smart energy cities», des villes énergétiquement intelligentes.

Actuellement, 75% de la population européenne vit dans des villes. Ces zones urbaines produisent 75% des émissions polluantes mais jouent aussi un rôle clé dans la transition énergétique vers des sources d'énergies renouvelables.

«Le projet Secure mettra l'accent sur l'implémentation d'une plateforme (qui intégrera des données de base, simulations, analyses et outils de visualisation) afin d'aider les municipalités du Luxembourg et de la Grande Région à accélérer la pénétration de la production d'énergie photovoltaïque, augmenter les mesures d'efficacité énergétique pour les bâtiments et promouvoir l'utilisation de biomasse d'origine agricole pour la production de chaleur renouvelable» , résume Gabriel Crean.

La ville d'Esch-sur-Alzette a été choisie comme champ d'expérimentation. Le projet se conduira sur trois années. Achevé, il contribuera à permettre aux communes d'évaluer le potentiel des énergies renouvelables et d'estimer le potentiel énergétique de chaque immeuble tant en termes de production qu'en termes d'économies.

Tous azimuts

Le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) continue sur sa lancée et se fait un nom dans le secteur de la recherche européenne. Il vient ainsi de décrocher quatre nouveaux projets européens dans le cadre du programme Horizon 2020, le plus grand programme de recherche et d'innovation réalisé par l'Union européenne.

Ces projets touchent au domaine des matériaux et de l'environnement et associent aux chercheurs de grandes entreprises comme Airbus, Carl Zeiss, Dow Chemical et ArcelorMittal.

Le List, via son département Materials Research and Technology (MRT), va coordonner depuis le Luxembourg, les projets Npscope et Composelector pour un budget total de 11,4 millions d'euros. Npscope vise à développer un nouvel instrument intégré, optimisé pour fournir une caractérisation physico-chimique complète des nanoparticules tant dans leur forme primitive qu'incorporé dans des matrices complexes tels que les tissus biologiques. Composelector vise à concevoir et développer une plateforme logicielle ouverte et extensible pour la sélection et la conception de matériaux composites.

L'institut jouera également un rôle clé dans deux projets environnementaux: Nature4Cities et Spotview. Le premier de ces projets touche à la «renaturalisation des villes» tandis que le second vise à optimiser l'utilisation des ressources naturelles, en particulier l'eau, dans trois secteurs industriels : produits laitiers, pâtes et papiers, et sidérurgie.

Marc Fassone

 

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