Belval, laboratoire des villes de demain

Comment la 5G, les données et l'IA peuvent améliorer la mobilité ou la gestion des déchets? Avec son projet SmartSpires, le LIST dessine le futur des centres urbains.

Source : Le Quotidien
Publication date : 06/05/2025

 

A travers le projet pilote SmartSpires, le LIST et ses partenaires s'apprêtent à transformer le quartier de Belval en terrain d'expérimentation grandeur nature pour des technologies urbaines du futur.

Dès l'année prochaine, trois à quatre colonnes intelligentes, hautes de plusieurs mètres et équipées à la fois de la 5G, d'une intelligence artificielle (IA), de caméras et de tout un tas d'autres capteurs, seront installées aux quatre coins du campus – leurs emplacements exacts restent à déterminer. Une infrastructure inédite au niveau mondial, qui sera déployée pour la toute première fois au Luxembourg. Point fort de ce système : un traitement local des données récoltées en temps réel et une prise de décision instantanée par l'IA.

«Normalement, toutes ces technologies sont éparpillées géographiquement: les antennes 5G sont sur les toits, et les serveurs informatiques et centre de données sont très éloignés de l'utilisateur. Cette nouvelle colonne les regroupe, ce qui a beaucoup d'avantages», explique Sébastien Faye, chercheur au LIST et coordinateur du projet. «Le temps de latence est réduit, tout comme la consommation d'énergie, tandis que la gestion des informations sensibles est facilitée.»

Quatre thèmes concrets ont été identifiés pour démarrer, en concertation avec le Fonds Belval et Agora. D'abord, la création d'un «laboratoire vivant». Hébergé au LIST, il servira de plateforme pour pouvoir tester à grande échelle de nouvelles solutions utilisant la 5G. «Ce qu'on veut, c'est faire découvrir toutes les possibilités du projet et impliquer le public, les entreprises et les communes, en leur ouvrant cette technologie. L'idée est de travailler sur des usages qui ont du sens.»

Un modèle à dupliquer ailleurs en Europe

Ensuite, la mobilité. Les colonnes SmartSpires peuvent améliorer les transports publics et la gestion du trafic. «Ici à Belval, où la navette autonome des CFL circule, on imagine utiliser ces tours pour téléopérer, ou décharger certains algorithmes du véhicule. Les calculs se font localement, en quelques millisecondes, beaucoup plus rapidement qu'une installation classique.» Si les caméras d'une colonne détectent un groupe d'usagers en attente à une station, un message peut être envoyé pour informer la navette. L'anonymat étant garanti par le traitement local des données personnelles qui ne quittent jamais l'intérieur de la tour, assure-t-il.

Puis, l'analyse de la foule. Les images captées par les caméras peuvent renforcer la sécurité publique ou l'urbanisme, en étudiant instantanément les flux de personnes qui gravitent autour d'elles. «On peut en tirer des tendances de visiteurs par exemple, ou repérer certains parcours ou comportements.» Enfin, la gestion des déchets. Grâce à des capteurs IoT (Internet of Things), la collecte et le recyclage pourront être optimisés. «On place des caméras sur le camion-benne en déplacement, elles envoient les vidéos à la tour qui analyse en continu les détritus laissés sur la route ou mal triés.»

Axé sur Belval, ce projet, qui rassemble les sociétés Gcore, 5Skye et Orange Luxembourg et bénéficie d'un cofinancement de l'UE à hauteur de 3,1 millions d'euros, a une ambition bien plus large : dupliquer ce modèle dans d'autres villes en Europe pour construire des communautés plus intelligentes et mieux connectées. «À l'avenir, on aimerait cocréer de nouvelles applications avec les citoyens. Des idées qui n'existent pour l'instant que sur le papier et qui pourraient devenir réalité», conclut Sébastien Faye.

Christelle Brucker      

 

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