Optimiser la collecte des déchets, renforcer la sécurité publique ou améliorer la gestion du trafic, tout cela sera bientôt rendu possible à Belval grâce à de nouvelles antennes innovantes.
Source : virgule.lu
Publication date : 06/05/2025
Au premier coup d’œil, elles pourraient bien se fondre dans le décor. Pourtant, ces «Smart Towers», ou tours intelligentes, pourraient bien révolutionner la manière dont vivent les citadins. Et cette innovation est sur le point de naître au beau milieu du campus de Belval.
Ces antennes d’un nouveau genre seront installées dans le cadre d’un projet baptisé «SmartSpires», cofinancé par l’Union européenne, pour une enveloppe totale de 3,1 millions d’euros. Pilotée par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), l’initiative vise à «transformer Belval en laboratoire connecté pour la ville de demain». Autrement dit: une fois testées et approuvées au Luxembourg, ces tours connectées pourraient par la suite être déployées à travers l’Europe et au Moyen-Orient.
Une antenne 5G, mais pas que
Que contiendront exactement ces antennes? «Aujourd’hui, le déploiement des technologies s’opère via une distribution des différents éléments. On appose les antennes 5G sur des bâtiments, on accède à des services d’intelligence artificielle avec des serveurs situés à l’autre bout du monde... Avec SmartSpires, tout est intégré dans une seule et même tour», a résumé Sébastien Faye, chercheur au LIST, lors de la conférence de presse de présentation du projet, ce mercredi 4 juin.
Fabriquées par l’entreprise 5SKYE, ces tours renfermeront donc une antenne 5G, fournie par Orange Luxembourg, et une infrastructure informatique de pointe. Composée d’un mini-data center, cette infrastructure vise à permettre des services basés sur l’intelligence artificielle. «Nous allons travailler avec un architecte luxembourgeois dans le but de créer des tours qui se fondront dans le paysage urbain», souligne Wolf Hisserich, PDG de 5SKYE.
«En intégrant des technologies déjà existantes dans une tour, nous permettons le déploiement de ces technologies, tout en améliorant la capacité des réseaux et en minimisant le temps de latence et la consommation d’énergie», poursuit Sébastien Faye. Réduire la distance entre l’utilisateur et l’ordinateur permet par ailleurs une meilleure souveraineté des données collectées, puisque celles-ci seront stockées directement dans la tour.
Plusieurs utilisations déjà envisagées
Une connectivité améliorée, ce n’est pas la seule promesse portée par ces antennes innovantes. Au-delà de perfectionner la couverture 5G du campus, ces Smart Towers doivent permettre de véritables améliorations dans le quotidien des citadins. «Parmi les différentes applications déjà discutées, nous avons notamment l’optimisation de la collecte des déchets», indique Sébastien Faye.
Grâce à des capteurs placés sur les camions dédiés au ramassage des ordures, des vidéos de la collecte seront capturées et directement envoyées sur la tour. Cette dernière pourra alors analyser le type de déchets ramassés, dans le but d’optimiser le système de ramassage, ainsi que le tri et le recyclage des ordures.
«Un autre exemple est l’implémentation de caméras de surveillance sur les tours. Ces caméras pourront ainsi analyser les flux de personnes en scannant les foules, et permettre d’améliorer la sécurité en détectant certains comportements», illustre le chercheur.
Ces super-antennes 5G doivent également permettre d’améliorer la mobilité, et notamment l’offre des transports publics, comme celle des navettes autonomes des CFL. «La tour pourrait notamment informer les navettes du nombre d’usagers qui attendraient à un certain arrêt, et ainsi permettre de réduire le temps d’attente», ajoute Sébastien Faye.
Une dimension participative
Mais les applications de ces tours intelligentes ne s’arrêtent pas là. En réalité, les porteurs du projet ambitionnent d’adapter l’utilisation de cette technologie innovante aux besoins des citoyens. «Nous allons créer ce que nous avons appelé le ‘’living lab’’. Il s’agit d’un espace qui permettra d’impliquer le public et les entreprises locales dans les applications concrètes de ce projet», précise le chercheur du LIST. Des événements seront notamment organisés, dans le but de faire découvrir cette technologie à un large nombre de résidents, en mettant l’accent sur la vulgarisation.
Si trois à quatre tours doivent être déployées à travers le campus à partir de 2026, leur emplacement reste inconnu à ce jour, faisant encore l’objet de discussions avec les acteurs locaux. À noter que l’utilisation de l’une de ces antennes sera dédiée aux acteurs locaux, à l’image de start ups, qui pourront ainsi accéder à des technologies qui leur auraient autrement été hors de portée.
Faisant l’objet d’un financement européen d’une durée de trois ans, le projet SmartSpires prendra fin en 2028. Durant ce laps de temps, les chercheurs comme les entreprises impliquées, devront démontrer l’utilité de cette innovation technologique, et ainsi fournir un modèle reproductible pour d’autres villes européennes.
Laura Bannier