Face à la prolifération d’espèces invasives dangereuses pour la santé, des app comme «Bloomin’Algae» ou «Mosquito Alert» permettent de partager ses observations et d’aider les autorités à mieux appréhender l’évolution de ces phénomènes.
Source : virgule.lu
Publication date : 12/31/2023
Pour détecter et documenter l’évolution de phénomènes de pollution environnementale ou la propagation d’espèces invasives sur un territoire, les applications mobiles peuvent s’avérer très efficaces. C’est notamment le cas avec l’application «Bloomin’Algae», adoptée et adaptée en août 2023 par l’administration de la gestion de l’eau du ministère de l’Environnement et le Luxembourg institute of science and technology (LIST).
Cette application permet de signaler des proliférations (ou «blooms») de cyanobactéries dans les plans d’eau du pays, mieux connues sous le nom d’ «algues bleues». Généralement présentes entre août et octobre dans des eaux stagnantes et riches en nutriments comme les lacs, les étangs et la Moselle, ces «algues bleues» présentent un risque pour la santé des baigneurs, des animaux domestiques et du bétail, mais aussi pour l’environnement.
Conséquences d’un déséquilibre de l’écosystème, dû à un apport excessif d’éléments nutritifs, dont le phosphore (eux-mêmes issus des eaux usées ou des engrais et effluents provoqués par la pratique de l’agriculture et de l’élevage), ces épisodes de prolifération de cyanobactéries sont de plus en plus fréquents au Luxembourg - comme d’ailleurs sur tous les continents.
Mieux connaître les «blooms»
L’application s’avère ainsi «très utile», selon Jean-Baptiste Burnet, associé de recherche au LIST. Déjà pour «augmenter les données, car cela prend du temps et des ressources humaines», ce qui permet de «mieux connaître le phénomène des “blooms”, dont la dynamique est très variable dans le temps et dans l’espace», explique-t-il. Et ensuite pour «sensibiliser le public à ce phénomène qui prend de l’ampleur en raison du changement climatique et de la pollution».
Une cinquantaine de signalements a eu lieu par les utilisateurs de l’application. Un phénomène qui devrait encore gagner en ampleur, malgré un programme du ministère de l’Environnement visant à limiter la quantité d’intrants. «La réduction des apports de phosphore et d’azote dans les eaux de surface reste aujourd’hui la seule façon durable de protéger et/ou de restaurer ces écosystèmes vis-à-vis des proliférations de cyanobactéries planctoniques», explique l’administration de la gestion de l’eau du ministère de l’Environnement.
Signaler les moustiques invasifs
L’application mobile «Mosquito Alert» a quant à elle été lancée un an plus tôt, durant l’été 2022. L’objectif est le même: transmettre ses propres observations de moustiques afin d’aider les autorités à mieux appréhender et contrôler les espèces invasives - et notamment le fameux «moustique tigre», découvert pour la première fois sur le territoire du Grand-Duché en septembre 2022.
Ces populations de moustiques suscitent l’inquiétude, et pour cause: elles peuvent transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya, le zika ou même la malaria et la fièvre jaune.
Aedes Japonicus étend son territoire
«La détection précoce des moustiques invasifs permet de mettre en place des contre-mesures afin d’empêcher, ou du moins de ralentir, la propagation de ces espèces et de prévenir la survenue d’une épidémie locale de maladies encore tropicales», explique la direction de la Santé. Un cas de dengue importé des tropiques chez une personne à Strasbourg avait ainsi déclenché une vaste opération d’élimination des moustiques par crainte de voir la maladie se transmettre au niveau local.
Depuis janvier 2022, 71 rapports concernant des moustiques adultes ont été réalisés au Luxembourg via l’application, informe le MNHN, «dont 5 Aedes japonicus, 8 Culex pipiens, 21 non identifiables et 37 autres espèces». Si le moustique tigre a été plusieurs fois détecté en 2022 et 2023 sur les points d’entrée du territoire du Grand-Duché (parkings d’autoroute, lignes de bus internationales), mais pas via l’application, celle-ci a tout de même permis de documenter «clairement» la propagation d’Aedes japonicus (moustique japonais), qui «étend son territoire vers l’ouest».
Les deux applications sont gratuites et disponibles sur l’App Store et Google Play.
Pierre Pailler