Les principes de l’économie circulaire commencent à faire leur chemin, même si celui-ci semble encore bien long. L’impact sur l’économie nationale se chiffre en milliers d’emplois potentiels et les premières collaborations transfrontalières portent déjà leurs fruits.
Source : PaperJam
Publication date : 04/01/2015
C’est comme un nouveau paradigme, une nouvelle façon de considérer les cycles de vie des produits quels qu’ils soient et, en particulier, leur «fin de vie»: quand un déchet devient lui-même une ressource. Tel est le grand principe de base de l’économie dite «circulaire», dont les prémices remontent principalement au début de ce siècle et ont été largement médiatisées à l’occasion du Grenelle de l’environnement en France en 2007.
Au Luxembourg, le gouvernement avait annoncé, dans son programme, vouloir mettre un accent particulier sur les sujets de l’économie circulaire. Il n’a pas tardé à prendre les choses à bras-le-corps, le ministère de l’Économie ayant mené, dès 2014, une étude portant sur l’état des lieux et évaluant le potentiel du développement futur de l’économie circulaire au Grand-Duché.
Ce document se veut aussi une feuille de route pour une stratégie de mise en œuvre de cette économie circulaire dans le pays, ainsi que d’un certain nombre de projets pilotes réalisables à court terme.
«Beaucoup d’entreprises n’auront à moyen et à long termes pas le choix», indiquait à Paperjam.lu la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener, en marge de la présentation des résultats de cette étude, début février, dans le cadre d’une vaste conférence organisée à la Chambre de commerce. «Opter pour l’économie circulaire permet de se rendre moins dépendant des matières premières, dont les prix sont de plus en plus volatils.»
L’étude intitulée «Luxembourg as a Knowledge Capital and Testing Ground for the Circular Economy» a été réalisée par l’agence allemande EPEA Internationale Umweltforschung, en association avec le cabinet de conseil également allemand Returnity Partners. Elle a établi qu’au Luxembourg, ce sont déjà quelque 15.000 emplois qui relèvent de modèles circulaires, principalement, et que l’enjeu est de taille: «L’économie circulaire est davantage qu’un modèle potentiel pour le Luxembourg; c’est un impératif économique», peut-on lire dans le document, qui constate que le Grand-Duché est un terrain d’essai très prometteur pour l’implémentation d’un tel modèle.
Deux données chiffrées majeures ressortent de l’étude: au prix d’une mise en place «rigoureuse, par étape et à petits pas», ce modèle économique pourrait permettre d’économiser annuellement entre 300 millions et 1 milliard d’euros en coûts d’approvisionnement pour les entreprises et de créer jusqu’à 2.300 emplois dans les trois prochaines années.
Collaboration transnationale
Si, pour l’heure, les acteurs ne sont pas légion et se concentrent surtout dans les industries sidérurgique et verrière, le potentiel de développement de cette économie circulaire est susceptible d’être élargi à d’autres secteurs, notamment celui de la construction (grosse productrice de déchets), mais aussi l’ICT, la logistique, la recherche et le développement, l’administration publique voire la finance.
Le Luxembourg ne joue évidemment pas en solo dans ce dossier. Dans le cadre du programme transnational Interreg IVB, le projet C2C Bizz a réuni, depuis quatre ans, organismes publics, instituts de recherche et entreprises privées de six pays européens au travers d’un consortium piloté par le Samenwerkingsverband Regio Eindhoven et composé de 11 partenaires belges, néerlandais, anglais, français, allemands et luxembourgeois. Pour le Grand-Duché, ce sont le Luxembourg Institute of Science and Technology (ex-CRP Henri Tudor), le GIE EcoParc Windhof et le ministère du Développement durable et des Infrastructures qui œuvrent pour le développement d’une vaste plateforme d’innovation appliquant le principe fondateur de l’économie circulaire, le cradle to cradle. Le site de l’EcoParc à Windhof fait, dans ce cadre, office de pilote, notamment en matière de création d’énergies renouvelables.
Les bases sont bel et bien là et la balle est désormais dans le camp du cluster EcoInnovation, à qui a été confié un rôle fédérateur de l’ensemble des acteurs intéressés par l’implémentation d’un modèle circulaire à grande échelle au Luxembourg. Il peut s’appuyer sur la publication d’un guide réalisé par le ministère du Développement durable (Guide to Cradle to Cradle inspired business sites), détaillant les avantages financiers, économies de ressources et autres gains de compétitivité possibles dans une démarche C2C) ou sur des recommandations publiées par le List sur la gestion des matériaux dans les zones d’activités afin de maximiser la valeur pouvant être générée à partir des déchets.
Jean-Michel Gaudron