En tête de List

Au 1er janvier 2015, les CRP Henri Tudor et Gabriel Lippmann unissent leurs ressources. La fusion crée une masse critique, un nouvel acteur, plus fort, plus visible, sur le modèle du 1 + 1 = 3. Le Luxembourg Institute of Science and Technology veut être un moteur de la recherche au service de la société et de l’économie.

Source : PaperJam
Publication date : 01/01/2015

 

C’est un chamboulement important pour le secteur public de la recherche au Luxembourg. À partir du 1er janvier 2015, on n’évoquera plus le CRP Henri Tudor ni le CRP Gabriel Lippmann. Les deux acteurs se rassemblent pour former le List, le Luxembourg Institute of Science and Technology.

«Le 16 octobre dernier, la Chambre des députés a voté un texte qui établit une refonte de la législation sur les CRP, dont découle un regroupement de nos deux institutions. Le texte précédent datait de 1987. Considérant la manière dont la recherche a évolué, il était nécessaire de réorganiser l’ensemble», rappelle Fernand Reinig, managing director du CRP Gabriel Lippmann et futur chief operating officer (COO) du List.

«Au cœur de nos discussions, le rapprochement est apparu comme une évidence», explique Marc Lemmer, CEO du CRP Henri Tudor, et futur chief strategy & innovation officer du List. Les deux organisations, en effet, développaient des activités scientifiques autour de domaines similaires: les technologies de l’information, les technologies des matériaux et les sciences de l’environnement. «Si des domaines de recherche étaient communs, au sein de ceux-ci nous abordions des thématiques différentes, souligne Marc Lemmer. Il fallait toutefois reconnaître certains doublons, difficiles à justifier par rapport aux pouvoirs publics, qui financent en partie nos activités.» Derrière, en outre, il y avait aussi un réel intérêt à rassembler les ressources, de manière à atteindre une masse critique permettant de mieux répondre aux enjeux de la recherche au service de la société et de l’économie.

«Il apparaît aujourd’hui comme une évidence que nous serons plus fort ensemble que chacun de notre côté», précise Fernand Reinig. Tudor et Lippmann, qui comptent chacun entre 150 et 250 chercheurs, s’avèrent être des centres de recherche relativement petits. Il n’est pas rare de voir émerger, en Europe, des centres mono-disciplinaires de 300 chercheurs. «En regroupant les forces dont nous disposons à l’échelle du pays, nous pouvons gagner en visibilité», poursuit Fernand Reinig.

Moteur de recherche

Le List entend aussi faire de l’interdisciplinarité qui le caractérise un élément moteur. «Parce que chacun des domaines sur lesquels nous travaillons peut servir l’autre, c’est à l’interface des différentes disciplines que nous envisagerons l’innovation», explique Marc Lemmer.

Le List n’a en effet pas vocation à constituer une micro-université menant des activités de recherche selon son bon vouloir.

Dans la sphère de la recherche, les centres sont des Research and Technology Organisations (RTO). «Nous menons des activités qui sont susceptibles de générer des retombées au niveau de la société et de l’économie», commente Marc Lemmer.

Si Tudor et Lippmann s’inscrivaient déjà dans cette logique, notamment en développant des projets de recherche avec des acteurs économiques, le List nourrit de nouvelles ambitions. «La volonté est de développer un agenda de recherche à moyen et long termes, sur des thématiques stratégiques, et de nous éloigner des projets à court terme, répondant à des besoins directs exprimés par des acteurs économiques, poursuit Marc Lemmer. Le souhait est de continuer à travailler en lien étroit avec les industriels et les acteurs économiques, mais sur des projets plus stratégiques, plus en lien avec les enjeux exprimés à l’échelle du pays et de l’Union européenne, avec la programmation scientifique internationale.»

Avec un regroupement des moyens, le List entend mieux se positionner parmi les acteurs internationaux, grâce à une veille scientifique et technologique plus performante, mais aussi à une politique renforcée de valorisation et de transfert de l’innovation, qu’elle soit technologique ou en lien avec les processus et les organisations. Le List emploiera 650 personnes, dont 500 chercheurs, ingénieurs et techniciens de laboratoire formant le personnel scientifique.

Les dirigeants de l’institut réaffirment que ce rapprochement ne vise pas des économies d’échelle. «Au-delà du regroupement à proprement parler, la volonté du gouvernement est claire. Il entend miser sur l’innovation pour le développement de l’économie. L’idée, derrière ce rapprochement, n’est pas de licencier des chercheurs mais, à partir des mêmes moyens, de pouvoir faire mieux qu’auparavant», précise Fernand Reinig. Autrement dit, il appartient à des scientifiques de démontrer sur le terrain que 1 + 1 peut effectivement donner un résultat supérieur à 2.

Sébastien Lambotte

 

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