Les «Smart Cities» au présent rendent l'avenir urbanisé durable. Les villes repensées sont au cœur des réflexions. Et des actions concrètes. Luxembourg est dans la course.
Source : Le Jeudi
Publication date : 03/09/2017
Les villes rivalisent d'intelligence. Pas seulement pour se rendre plus sexy, mais pour s'assurer un avenir, une pérennité, un développement, de façon durable dans tous les sens du terme. Les «Smart Cities» comme on les appelle sont d'ailleurs au cœur des réflexions urbanistiques du Mipim 2017, la Mecque de l'immobilier qui se tient à Cannes du 14 au 17 mars. Le salon fera découvrir un large éventail de villes qui ont l'intelligence de se distinguer par des solutions innovantes et pensées pour améliorer la qualité de vie de leurs habitants, de leurs visiteurs aussi.
Si les pays du nord de l'Europe, la Scandinavie en tête, sont à la pointe, Luxembourg fait partie des cités hissées sur le pavois européen du genre.
Les exemples mis en vitrine sur la Croisette montrent une mobilité intelligente et des transports durables, voire une ville sans voitures, un parking guidé par des applications et des systèmes innovants, mais aussi, par exemple, des initiatives de démocratie participative. Parce que rendre la ville intelligente, c'est aussi l'affaire de tous ceux qui la vivent.
S'il y a pléthore de termes pour la désigner – smart city, ville numérique, green city, connected city, éco-cité, ville durable –, les caractéristiques d'une ville intelligente sont tout aussi multiples. La littérature abondante retient que les changements organisationnels, technologiques et sociétaux des villes actuelles sont aussi liés à la volonté d'être une partie de la réponse au changement climatique.
La ville smart cherche, ainsi, à concilier les piliers durables, sociaux, culturels et environnementaux, dans une approche systémique qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles, pour faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens. Le Pr. Rudolf Giffinger, de la TU Wien (université technique et technologique de Vienne), expert en recherche analytique sur le développement urbain et régional, classe les villes selon six critères principaux – économie, mobilité, environnement, habitants, mode de vie et administration – tendant tous à l'intelligence.
Ainsi, un des défis consiste à intégrer différents modes de transport en un système cohérent, efficace, accessible, abordable, sûr et écologique, en optimisant l'utilisation de l'espace urbain. Le plan élaboré pour le Luxembourg, autour du tram, va dans ce sens.
Pour l'environnement, les challenges se situent souvent au niveau de la gestion des déchets et de l'énergie, avec efficacité et recyclage pour vertus cardinales, non-production de déchets en amont et sources locales d'énergies vertes. Un autre élément-clé est, aussi, l'infrastructure IT: la smart city se nourrit au wi-fi, aux objets connectés, à l'interactivité, aux applications qui passent le stade du gadget pour s'intégrer dans un système sans fil mais pas sans sécurité.
Initiatives multidisciplinaires
Pour en revenir au Mipim, le ministre Etienne Schneider y sera porte-drapeau de la ville intelligente et Luxembourg (qui revendique le statut de smart city) sera, comme chaque année, du voyage. Ainsi, Schneider, dans le programme officiel, évoquera, avec un collègue de Catalogne, l'intégration des villes intelligentes dans le paysage urbain global, dans les défis de la nouvelle révolution industrielle ou dans les nouveaux modèles de planification.
Les initiatives se multiplient au Grand-Duché. Comme Smart& Living City, journée dédiée qui a connu sa 4e édition fin 2016, née de la volonté de Neobuild et du groupe CDEC de permettre l'émergence du concept au pays.
Le Luxembourg Institute of Science and Technology (List) est aussi très actif et travaille avec des experts pour contribuer à rendre les villes plus intelligentes. Via le programme Smart Cities, les chercheurs du List sont sur des projets multidisciplinaires et développent des technologies et des outils dont l'objectif est d'accompagner les villes dans leur développement de stratégies et d'opportunités visant, notamment, à assurer une transition énergétique durable. Lors de la 6 e édition du Luxembourg Green Business Summit, le 4 octobre dernier, plus de 280 CEO, responsables du développement durable ou décideurs du pays ont encore échangé autour du thème «Smart City and Facility Management». Le Pr Lucien Hoffmann, directeur du département «Environmental Research and Innovation» du List, y a aussi présenté le Smart City Sensor Model, un modèle adapté de la gestion en F1, en quatre étapes (recueil, connexion, communication et contrôle) pour mesurer les ressources énergétiques, évaluer la pollution, les différents paramètres de la ville, pour mieux la gérer et fournir de nouveaux services aux habitants.
Clairement, pour être smart, il faut d'abord penser la cité et puis agir. Luxembourg a pris le taureau par les cornes. L'intelligence est en marche vers demain.
Alain Ducat