Kleos, nouveau venu de l'espace

La société britannique spécialisée dans les satellites nouvelle génération et la géolocalisation vient de signer un accord avec le gouvernement luxembourgeois. Deux millions d'euros d'aide pourla recherche et le développement en association avec le LIST. Le protocole d'accord vise à développer une constellation de satellites de renseignements de géolocalisation.

Source : Le Quotidien
Publication date : 07/25/2017

 

Son partenaire Emtronix est déjà installé au Luxembourg, à Sanem, alors la britannique Magna Parva, société d'ingénierie spatiale, a décidé de créer Kleos Space et de profiter pleinement du cadre légal qu'offre le pays, lancé à fond dans son initiative SpaceResources. Hier, le vice-Premier ministre et ministre de l'Économie, Étienne Schneider, a présenté le protocole d'accord que le gouvernement luxembourgeois vient de signer avec la nouvelle venue dans le paysage des ressources spatiales. Kleos Space SARL, installé dans l'incubateur de start-up Technoport à Belval, a pour objectif la mise à disposition de renseignements de géolocalisation. La société «développera, possèdera et opérera l'infrastructure spatiale des renseignements de géolocalisation, et réalisera la vente des Data as a Service recueillies (DaaS)», indique-t-elle. En résumé, elle va vendre des données que ses satellites localisent « pour des sociétés d'assurances ou des acteurs de la défense et de la sécurité intérieure », précise son directeur, Andy Bowyer.

Une technologie exclusive et innovatrice

« Pour le Luxembourg et son pavillon maritime, c'est intéressant, car si un bateau disparaît, il peut être localisé grâce aux satellites qui repèrent le signal d'un téléphone portable par exemple. C'est important pour les assurances effectivement. Et ce système est aussi nécessaire pour localiser les gros bateaux pneumatiques au milieu de la mer, pour des opérations de recherche et de sauvetage », ajoute le ministre Étienne Schneider. Cependant, pas de concurrence avec le système AIS (Automatic Identification System) qui permet déjà de localiser et d'identifier les navires. « C'est un système complémentaire », assure Andy Bowyer. « Il est destiné à localiser ceux qui sont moins coopératifs », indique encore le directeur, dont la société compte vendre des données qui vont lui rapporter gros. « On ne peut faire que des profits si l'on va dans l'espace et le Luxembourg l'a bien compris depuis longtemps avec la SES. Le Luxembourg comprend bien les enjeux commerciaux, ce que tous les gouvernement ne comprennent pas », ajoute-t-il.

Kleos, qui emploie actuellement cinq personnes depuis sa création le mois dernier, vise les 60  employés d'ici cinq ans. L'accord passé avec le gouvernement prévoit une aide de 2  millions d'euros pour la recherche et le développement en étroite collaboration avec le LIST, l'institut luxembourgeois de la science et de la technologie, dont le centre de recherche pour le développement de matériaux composites se dit très intéressé par cette collaboration avec Kleos. La société « s'appuie sur la technologie exclusive et novatrice In-Space Manufacturing qui consiste à fabriquer des dispositifs utilisés pour déployer de très grandes antennes », explique le directeur. Des antennes de 100  mètres de long pour un nanosatellite de 70  kg, des satellites nouvelle génération en mesure de localiser des signaux radio avec une grande précision. C'est la force de Kleos qui s'adjoint le savoir-faire d'Emtronix, le spécialiste de l'électronique embarquée installé à Sanem et qui sera en charge du contrôle des bras de déploiement et des récepteurs. Premier lancement prévu en 2019.

Task force pour l'agence spatiale

Lors de la conférence de presse hier matin, Étienne Schneider a indiqué avoir créé une «task force» au ministère de l'Économie en intégrant trois personnels de Luxinnovation, spécialisés dans les ressources spatiales, pour renforcer son service des affaires spatiales. «En charge des aspects politiques et financiers de la collaboration avec l'agence spatiale européenne (ESA), le ministère de l'Économie reprend en même temps les attributions de Luxinnovation qui était le point de contact national de l'ESA pour les acteurs luxembourgeois qui souhaitent participer aux différents programmes ESA leur permettant ainsi de se positionner de manière durable sur ce marché», précise le ministère.

Renforçant davantage la gouvernance du secteur, l'intégration du personnel de Luxinnovation au sein du ministère de l'Économie «anticipe aussi la création d'une future agence spatiale nationale». Actuellement, près de 40  entreprises, dont l'opérateur de satellites SES, et trois organisations publiques sont impliquées dans le secteur spatial au Luxembourg pour un effectif global de plus de 700 personnes.


Geneviève Montaigu

 

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