La «planète 5G» prend forme

La technologie 5G ne se limite pas à une meilleure connectivité de son téléphone portable. Au Luxembourg, les projets et initiatives se multiplient pour trouver de nouveaux domaines d'application.

Source : Le Quotidien
Publication date : 12/08/2022

 

Les noms sont éloquents. «5G Cloud», «Micro 5G», «5G Emit», «5G Smart Water» ou encore «Lila 5G». Tous ont comme objectif de contribuer à développer la «planète 5G». Dans la liste, on retrouve d'ailleurs un projet baptisé «5G Planet».

Hier soir, les initiateurs de ces projets pilotes, soutenus par l'État, ont été mis à l'honneur au campus Geesseknäppchen. Avec le lancement, en 2018, de la stratégie 5G pour le Luxembourg (lire également ci-contre), un engagement a été pris par le Service des médias, de la connectivité et de la politique numérique (SMC) et «Digital Luxembourg» : «promouvoir et favoriser des solutions et des actions 5G à plusieurs niveaux». À cet effet, deux appels à projet ont été lancés, de 2019 à en 2021. En fin de compte, onze projets ont été retenus.

«Démystifier le sujet»

Le Premier ministre, Xavier Bettel, également en charge des Communications et des Médias, a tenu à saluer le «travail acharné» accompli par les initiateurs. «Votre énergie et votre engagement ont permis de donner vie à ces projets. Vous utilisez la 5G et la transformez en quelque chose qui compte pour la société. Cela a toujours été notre objectif», développe le chef du gouvernement. Car, finalement, la technologie 5G serait bien plus qu'une innovation en termes de télécommunication. «Nous avons toujours eu une vision plus large de ce que signifie la 5G pour le bien-être socio-économique à long terme du Luxembourg», clame Xavier Bettel.

Ce qui est intéressant parmi les onze projets retenus, c'est qu'ils touchent à deux domaines différents : d'abord, contribuer à mieux informer la population sur la 5G et, ensuite, trouver des nouvelles applications de cette technologie dans le domaine sociétal et économique (lire également ci-dessous).

Le Luxembourg Science Center et son projet interactif «5G and Microwaves» poursuit l'objectif de proposer des «informations qualitatives sur les ondes électromagnétiques». Une gamme d'outils scientifiques pour visualiser les bases de la communication sans fil doit permettre de «démystifier le sujet» et «combler le fossé entre les spécialistes et le grand public».

«Moins d'accidents, de meilleurs soins…»

À l'université du Luxembourg, une équipe travaille à «présenter les avantages de la 5G d'un point de vue scientifique et à dénoncer certaines des idées fausses liées à la technologie des systèmes d'antennes actives». Le projet «Safer» se concentre plus particulièrement sur «la démonstration que les niveaux de rayonnement (de la 5G) sont encore plus faibles par rapport aux systèmes traditionnels».

«Une société basée sur la 5G pourrait être une société avec moins d'accidents de la circulation, moins de ressources gaspillées, des temps de trajet plus courts, de meilleurs soins médicaux, une sécurité et un confort accrus à la maison… La liste est longue», développe le Premier ministre.

La majorité des projets pilotes soutenus par l'État arrivent à leur terme début 2023. Le Luxembourg Institute for Science & Technology (LIST), le centre interdisciplinaire en sciences numériques et technologie (SnT) de l'université du Luxembourg, le Luxembourg Science Center ainsi que des établissements hospitaliers (CHEM et HRS) et deux communes (Useldange et Waldbillig) ont été les premiers heureux élus.

Les résultats obtenus doivent désormais servir au SMC et à «Digital Luxembourg» à développer «une plateforme d'échange» à l'échelle nationale, où de «nouvelles initiatives innovantes et partenariats potentiels peuvent être déclenchés».
 

Tous connectés à la 5G d'ici à 2025 au Luxembourg

La stratégie nationale de déploiement de la 5G au Luxembourg, présentée par le gouvernement en 2018, s'inscrit dans le plan d'action de l'UE pour les réseaux de télécommunication de cinquième génération qui prévoit une couverture 5G de toutes les zones habitées en 2030, contre 14 % en 2021. Dans ce contexte, le Luxembourg figure dans le peloton de tête européen tandis qu'il est déjà l'un des pays les plus connectés d'Europe.

Quatre opérateurs se partagent le marché au Grand-Duché : Post, Orange, Proximus (Tango) et Luxembourg Online. Tous se sont engagés à assurer la couverture 5G du territoire à 90 % d'ici à 2025 et à verser des redevances à l'État pour un montant total de 41 millions d'euros sur une durée de 15 ans.

Quant aux inquiétudes face à la multiplication des antennes et aux émissions d'ondes électromagnétiques du rseau 5G, le Service des médias, des communications et du numérique, qui coordonne la mise en œuvre de la stratégie nationale au sein du ministère d'État, assure qu'au Luxembourg, le niveau d'émission des antennes est l'un des plus bas de l'UE.

Les projets pilotes en bref

Pour les drones

Depuis janvier 2021, les équipes de l'«Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust» (SnT) de l'université du Luxembourg travaillent sur le projet de recherche «Micro5G». Un travail de recherche industrielle est mené dans le but d'«acquérir de nouvelles compétences et connaissances liées au déploiement et au support des services de drones dans les applications 5G». L'objectif est de permettre aux exploitants de prolonger le temps de vol de drones en déplaçant de manière fiable des tâches de traitement complexes vers le réseau mobile du type 5G. En outre, les équipes du SnT se penchent sur des possibilités techniques pour consolider les données émises par plusieurs drones dans l'optique de créer un outil de guidage dynamique.

L'emploi de drones n'a cessé de croître ces dernières années. Ils sont notamment utilisés dans les domaines de la santé, de la logistique, des transports et de la sécurité publique.

Le projet de recherche «Micro5G» s'achèvera le 13 janvier 2023.

Pour les agriculteurs

«En raison du changement climatique, les zones agricoles sont confrontées à de nouvelles pressions, telles que des événements météorologiques critiques (sécheresses, inondations) et pour lesquels les agriculteurs ont besoin d'un suivi précis et en temps réel afin de gérer leurs exploitations», écrit le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) en introduction de son projet «Lux5GCloud». Partant du constat que les zones agricoles sont rarement dotées d'une bonne connectivité, une approche combinée a été choisie par les chercheurs pour tirer à la fois parti de la connectivité 5G et de technologies avancées, telles que les satellites de communication, afin d'«ouvrir la voie à une agriculture intelligente».

Une base de données «innovante et sécurisée», reposant sur de nouveaux algorithmes développés par le LIST, doit permettre de réaliser un «suivi précis des problèmes d'humidité des sols, une condition préalable à la gestion de l'adaptation à la sécheresse et à la résilience des écosystèmes».

Pour la mobilité

La technologie 5G est considérée comme un «candidat clé» pour assurer une meilleure gestion des feux de circulation, la prévention des incidents routiers, la coopération entre véhicules et le développement de fonctions autonomes. «Le déploiement d'un système de transport intelligent ou d'une application de mobilité connectée, nécessite de s'appuyer sur des architectures réseau qui peuvent impliquer une ou plusieurs technologies de communication réseau, avec des architectures et des capacités différentes selon les situations», résume le LIST.

Le projet «5G-PLANET» a pour principal objectif de «partager l'expérience du LIST en matière de planification et de conception de nouveaux réseaux 5G en prenant le Luxembourg comme exemple pratique». Les applications de mobilité connectée et les systèmes de transport intelligents, qui font partie des «utilisations les plus prometteuses» de la 5G, sont plus particulièrement ciblées. Une mise en œuvre avancée va néanmoins encore durer quelques années.

Pour la santé

Le Centre hospitalier Émile-Mayrisch (CHEM) figure, au côté des Hôpitaux Robert-Schuman (HRS), parmi les précurseurs choisis pour l'application de la technologie 5G dans le secteur de la santé. À l'automne 2021, le CHEM a lancé à l'hôpital de Dudelange la phase test du projet «LILA 5G» (Living Lab 5G), visant à «améliorer le parcours hospitalier du patient».

«Dans un environnement réel, la technologie 5G sera évaluée dans deux cas d'application précis sur le site de Dudelange : en premier lieu, l'accès fiable et rapide des soignants aux données médicales grâce à un réseau efficace et intégré, et en deuxième lieu, l'amélioration de la communication via visioconférence», relate le CHEM sur son site internet. Il est notamment renvoyé vers le besoin pour les médecins et le personnel soignant d'avoir un «accès sécurisé, fiable, en temps réel et à haut débit à un grand nombre de données médicales» afin de garantir une prise en charge de qualité du patient.

Le projet doit être évalué en 2023.

Pour les communes

Useldange est décidée à se positionner comme commune phare en matière de digitalisation. Parmi les projets d'envergure figure le recours à la technologie 5G, combinée à l'interconnexion entre l'internet des objets (IOT), pour mieux gérer la distribution et la consommation d'eau.

À la base du projet «5G Smart Water Éislek» se trouve le remplacement des compteurs d'eau des foyers de la commune par des compteurs intelligents. Ils captent plusieurs paramètres tels que la qualité de l'eau, la température, la pression et la consommation. «Ces nouveaux compteurs permettront une gestion aisée, sécurisée et centralisée des données. Les habitants de la commune auront par ailleurs la possibilité de surveiller en temps réel leur consommation d'eau sur le site internet de la commune», résume le site du ministère de la Digitalisation. Grâce à l'implémentation de réseaux intelligents et la collecte des données en temps réel, il est notamment espéré de réduire d'éventuelles fuites d'eau potable.


David Marques

 

 

 

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