Le 30 novembre dernier s’est tenue au Technoport de Belval, la 5e édition du cycle de conférences LIVING CITY, organisé chaque année par le pôle d’innovation technologique de la construction
durable Neobuild, avec la présence exceptionnelle de S.E. Jean‑Louis Six, ambassadeur de Belgique au Luxembourg.
Source : Neo Mag
Publication date : 12/14/2017
En collaboration avec l’AWEX et le LIST à travers le projet AAL Maestro du Département ITIS, et avec le soutien de CAP2020 et du Technoport, la Living City s’est penchée cette année sur la Silver Economy en s’interrogeant sur la façon dont les bâtiments intelligents et leurs nouvelles technologies pouvaient améliorer le quotidien des citoyens plus et moins âgés.
Si le bien-vivre passe avant tout par une bonne entente entre les différentes générations, de nouveaux acteurs ont récemment fait leur apparition, au risque de bouleverser le dialogue : les nouvelles technologies. Mais quelles sont-elles ? Comment les intégrer au mieux ? Comment bien vieillir dans la ville de demain, entourés de toutes ces innovations ?
S’il est un lieu où toutes les générations se retrouvent c’est bien dans la maison. Mais les habitations ont, elles aussi, évolué, intégrant de plus en plus la domotique notamment et faisant apparaître des besoins et des usages nouveaux.
Les constructions sont-elles adaptées à tous les usagers ? Les seniors ne sont-ils pas dépassés par les nouvelles technologies ? Au contraire, en attendent-ils davantage pour les aider au quotidien ? Comment combiner les attentes en matière d’innovation des jeunes et moins jeunes avec les ambitions des maîtres d’oeuvre et des développeurs de solutions ?
Autant de questions auxquelles la conférence a répondu, à travers la parole d’experts internationaux, de cas concrets, mais surtout d’échanges productifs.
Par exemple, Frédéric Serrière (GlobalAgingConsulting) a montré une augmentation du nombre de générations, mais aussi plus de liens entre elles. Des relations intergénérationnelles nouvelles se créent donc.
Pour Rodd Bond (Netwell CASALA) le constat est simple : on ne rajeunit pas ! Nous serons tous concernés par les spécificités de l’âge. Alors pourquoi ne pas intégrer dans les projets classiques des plus-values spécifiques pour les usages de nos aînés ? Il a mis en évidence des « age-friendly cities » qu’un « age-friendly business » accompagne, pour favoriser le Design for all.
Les habitants de la Wallonie sont-ils confrontés aux mêmes problématiques ? Pour Jean-Michel Lheureux (expert-directeur à l’AVIQ - Agence pour une vie de qualité) « vieillir n’est pas une maladie », il faut simplement s’y préparer et adapter les villes, en termes d’infrastructure et de mobilité notamment.
Lara Vigneron (Well-Livinglab), nous a fait comprendre comment répondre aux enjeux de la Silver Economy en impliquant les usagers, au travers de méthodes et d’exemples d’actions concrètes qui peuvent simplement et efficacement capter l’intérêt et la compréhension des besoins des retraités.
Après cet état des lieux de la Silver Economy dans différentes régions, Francis Schwall, directeur de Neobuild, a donné la parole à des professionnels engagés dans l’amélioration du quotidien des seniors.
Caroline Broux (Hélium 3 architecture) a présenté un concept innovant développé pour le design et la réalisation d’une résidence-service : eco-design, circular-design, green-design... et pourquoi pas un silver-design.
Cédric Anbergen (BSolution), un expert atypique technologique et propriétaire de résidence-service, a montré de nouvelles approches pour les résidences-service et des techniques bien réfléchies sur la durée et l’usage, le monitoring et la fiabilité dans lesquels l’IoT et le BIM y trouvent toute leur utilité.
Pierre Rossel (Silverstar) a fait la démonstration d’une plateforme de solutions technologiques pour personnes âgées « Octopus Technologies & services », développée en collaboration avec le LIST dans le cadre d’un projet européen « SpONSOR ».
Comment repenser son processus d’innovation en y intégrant les principes du Design thinking ? Jean-Sébastien Moinier (Tarkett - Floor in motion) a présenté le parquet connecté Floor in Motion, une solution technologique pratique, déjà sur le marché, qui offre de nombreuses possibilités, notamment en matière de sécurité et de santé. En effet, au moyen de capteurs placés sous le revêtement de sol, ce parquet innovant permet de détecter les chutes ou encore les intrusions. Grâce aux données récupérées en temps réel, à l’historique des informations et aux rapports collectés, le parquet, installé dans une résidence-service, devient ainsi un véritable outil d’aide à la décision pour le personnel soignant.
Noviacare, une box santé intelligente et autonome dédiée aux domiciles des seniors a été exposée par Régis Ciré (Noviatek). Celle-ci fonctionne de manière autonome sans Internet grâce à des capteurs sans fils qui alertent en cas de changements d’habitudes.
Enfin, Alain Legros (BALDER) et Patrick Meilleur (Domitys) ont présenté le projet DomoSafety, ou comment la télésurveillance et la télémédecine révolutionnent le bien vieillir au domicile et le parcours du patient, afin de « passer d’une vision centrée sur les soins à une vision centrée sur la vie ».
Inspirantes, mais surtout innovantes, toutes ces solutions technologiques montrent qu’anticiper les besoins de demain est aujourd’hui une préoccupation majeure, car nous serons tous un jour concernés.
Frédéric Serrière, conseiller en stratégies pour Global Aging Consulting Quels enjeux les seniors représentent‑ils pour la ville de demain ? La ville n’a pas le choix, elle va devoir anticiper le fait que, dans les périmètres urbains, il va y avoir de plus en plus de seniors (60/80 ans) et de personnes âgées (plus de 80 ans) autonomes ou plus fragilisées voire dépendantes. Les chantiers sont vastes : habitat, espaces extérieurs, voiries, parcs, jardins, transports et mobilité, mais aussi environnement, solidarité, autonomie, soins, services… La ville va devoir faire face à un changement majeur de paradigme : les aînés voulaient vivre le plus longtemps possible en bonne santé ; maintenant, les jeunes seniors veulent vivre le plus longtemps possible en bonne santé pour « faire », pour continuer leurs activités. Cela va demander de développer la mobilité aussi bien avec des transports collectifs plus adaptés, mais aussi des moyens plus automatisés tels que des véhicules autonomes ou encore des exosquelettes à plus long terme. Cependant, cela devra se faire sans mener des politiques qui consistent à « ghettoïser » les seniors et qui feraient fuir les jeunes retraités. Au contraire, il est nécessaire d’adapter la ville à l’ensemble des générations, dont les seniors. |
Lara Vigneron, coordinatrice de Wallonia e-health Living Lab Qu’est-ce que le WeLL ? Et comment peut-il permettre de développer des solutions pour les seniors ? Le WeLL (Wallonia e-health Living Lab) est le Living Lab wallon dédié à l’e-santé. Un Living Lab permet de concevoir et de développer des solutions innovantes (produits, services, outils, bonnes pratiques, etc.) en plaçant l’utilisateur au coeur du processus d’innovation. Dans un Living Lab, les utilisateurs sont aux commandes afin d’assurer que les solutions répondent à des besoins réels. Ils expriment leurs besoins, testent des nouveautés, font évoluer des inventions et participent à la conception de nouvelles solutions. Au WeLL, nous visons à mettre l’innovation au service des citoyens, des patients, des seniors et des acteurs de la santé. En intégrant ces personnes et ces acteurs au coeur de la réflexion, nous anticipons les changements et les besoins en matière de santé et assurons une meilleure appropriation des innovations. Notre mission est de favoriser l’émergence, d’accompagner et de porter des projets innovants, ainsi que de développer de nouvelles technologies, ou de nouveaux usages à partir de ce qui existe déjà. |
Jean-Sébastien Moinier, FloorInMotion Business Unit Directeur de Tarkett Comment le Design Thinking peut-il être mis au service des personnes âgées ? En 2015, Tarkett a lancé FloorInMotion Care, une solution de monitoring et d’alerte destinée aux établissements et logements pour seniors et capable de fournir en temps réel des données liées à leur activité au sein de leur espace de vie, facilitant ainsi la détection de chutes, sorties ou intrusions. Afin d’améliorer cette solution, Tarkett s’est entouré d’une équipe multidisciplinaire d’étudiants de la D School Paris dont la mission était d’imaginer de nouveaux services autour du sol connecté pour les seniors et leurs aidants. Pendant 3 mois, ils ont observé et questionné médecins, soignants, veilleurs de nuit et résidents afin d’identifier leurs besoins, une phase d’inspiration essentielle avant de passer aux 2 autres phases du Design Thinking : l’idéation et l’implémentation (test des prototypes). La prochaine version de FloorInMotion Care sera le fruit de ce travail de cocréation. Elle sera évolutive et les utilisateurs resteront la 1re source d’inspiration pour continuer à innover. Tarkett place ainsi l’utilisateur au coeur de son processus de développement. |
Mélanie De Lima