La viticulture luxembourgeoise est une belle vitrine pour l'agriculture du pays. Lorsque le ministre Fernand Etgen vient participer aux vendanges, il vient montrer que l'État est attentif à la santé d'un secteur qui lui offre une belle carte de visite.
Source : Le Quotidien
Publication date : 10/01/2015
Le ministre Fernand Etgen, le vigneron Luc Duhr et le directeur de l'Institut viti-vinicole contemplant une belle grappe de pinot noir.
Comme chaque année, le ministre de l'Agriculture répond à l'invitation de l'ensemble du monde de la viticulture pour participer aux vendanges. Hier, Fernand Etgen s'est donc rendu chez Luc Duhr (Clos Mon Vieux Moulin, à Ahn) pour jouer du sécateur dans une parcelle plantée de magnifiques pinots noirs. En plus des habituels seaux noirs, le vigneron a même eu la délicatesse d'en dégoter un de couleur bleue, spécialement pour le ministre libéral!
Sous un ciel idyllique et une température douce qui sied à merveille aux raisins en ce moment, l'occasion était bonne pour évoquer le rôle de l'État dans la viticulture luxembourgeoise, car celui-ci est important. Si ce sont les vignerons qui ont amorcé la démarche d'une production qualitative il y a une poignée de décennies, l'État a eu le mérite de soutenir ces efforts.
La politique de subventions au niveau des infrastructures, comme du matériel viticole, permet aux vignerons luxembourgeois de disposer du meilleur matériel. Il est toujours impressionnant de voir que les caves mosellanes disposent pratiquement toutes d'un pressoir et d'une cuverie ultramodernes. Or ce qui est ici la norme ne l'est pas ailleurs. La France, notamment, a perdu pas mal de temps en la matière et nombreux sont les vignerons qui ne peuvent pas s'offrir du matériel de pointe de l'autre côté de la frontière, faute d'aides étatiques suffisantes.
Avec l'Institut viti-vinicole (IVV), l'État déploie sur les rives de la rivière, depuis 1925, un service qui allie la recherche et le conseil aux vignerons. « C'est un vrai service de proximité, insiste Fernand Etgen. Lorsque les vignerons ont besoin d'un renseignement (NDLR : météo, diffusion des maladies...), ils appellent. Grâce à l'IVV, le transfert de connaissances est très simple. Cela fait une grande différence avec le reste de l'agriculture, qui fonctionne davantage dans un monde clos et où les nouvelles pratiques mettent du temps à s'imposer. En fait, les vignerons ont de la chance : je crois qu'aucune autre profession ne dispose d'un tel service! »
L'AOP sur la voie du crémant?
Outre cette mission de conseil au jour le jour, l'IVV développe aussi une section de recherche. Les vignes de l'État, d'une superficie de six hectares, sont ainsi un laboratoire à ciel ouvert. On y teste de nouveaux cépages plus résistants qui nécessitent moins de traitements, des nouvelles méthodes de taille... et lorsque les raisins sont vinifiés, on les analyse pour évaluer la pertinence de promouvoir ces nouveautés sur les coteaux du pays.
Des travaux de recherche sont également réalisés en partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). « Le projet "Terroirs" est particulièrement intéressant, s'enthousiasme le ministre. Une équipe de scientifiques travaille sur ces notions de sols et de microclimats qui définissent les terroirs et, surtout, les moyens de mieux les comprendre, pour promouvoir la qualité et la typicité de nos vins. »
Et puis il y a la politique des labels. Fernand Etgen en est convaincu, « la nouvelle AOP (NDLR : Appellation d'origine contrôlée) va connaître la même success story que le crémant du Luxembourg! » Si son intuition se confirme, ce sera effectivement très profitable. Depuis sa création en 1991, le crémant a fait un beau bout de chemin. À tel point qu'aujourd'hui, les vignerons ont coutume de dire que les bulles sont présentes sur pratiquement tous les bons de commande qu'ils reçoivent.
Erwan Nonet