L'union fait la force

Les centres de recherche publics Gabriel Lippmann et Henri Tudor vont bientôt disparaître au profit du plus grand et plus fort Luxembourg Institute of Science and Technology, ou LIST. A la clé de cette fusion, une plus grande visibilité pour la recherche luxembourgeoise et des retombées économiques positives pour le pays. Interview de Marc Lemmer, CEO du CRP Henri Tudor.

Source : Lëtzebuerger Gemengen
Publication date : 12/23/2014

 

Pourquoi un regroupement des CRP Gabriel Lippmann et Henri Tudor?

L'idée de ce regroupement est née au moment de la réforme de la loi sur la recherche publique, il y a trois ans. Dans ce contexte, nous avons constaté qu'il existait de nombreux parallèles entre les activités des deux CRP et qu'il était possible de faire mieux avec l'existant.

A travers ce regroupement, nous espérons atteindre une masse critique nous permettant de produire des résultats intéressants avec des équipes plus grandes, plus fortes et focalisées sur un nombre de domaines de recherche réduit. Nous espérons aussi gagner en visibilité pour nos chercheurs, mais aussi pour le pays. Nous espérons enfin contribuer à l'évolution de l'écosystème luxembourgeois de la recherche et de l'innovation.

Est-ce que ce regroupement constitue une première étape vers un CRP unique qui intégrerait à terme le CEPS/Instead et le CRP Santé?

Quand nous avons présenté cette initiative à François Biltgen, alors ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, notre perspective était de réunir tous les CRP à l'horizon 2020, pour avoir un CRP fort à côté d'une université forte. Cette idée semble être reprise dans la mesure 45 du paquet d'avenir du gouvernement. Mais rassembler des CRP dont les thématiques de recherche sont proch es et y intégrer des institutions qui s'intéressent à des thématiques très différentes, bien que liées, sont deux actions bien distinctes. On peut cependant imaginer un regroupement qui se ferait sous une autre forme, par exemple en plaçant les quatre CRP sous une organisation faîtière. C'est sur le modèle à adopter que nous commençons aujourd'hui à discuter, ce que nous faisons de manière encore très ouverte, sans deadline définie.

Comment la fusion se passera-t-elle concrètement? Est-ce que les différents départements seront réunis au sein d'un même bâtiment? Et qui dirigera le LIST?

Il a été décidé l'année dernière que, vues la taille du futur institut mais aussi l'ambition élevée que nous nous sommes donnée pour son développement stratégique, qui est de compter, d'ici une dizaine d'années, parmi les dix premiers centres de recherche en Europe dans des domaines définis, nous recruterions un CEO externe qui ait l'expérience et le réseau international nécessaires. Ce processus est en cours. Pour ce qui est de l'emplacement du LIST, pour le moment, les locaux des deux CRP sont répartis sur cinq sites, ce qui est évidemment défavorable. L'ambition à court terme est de réduire ce nombre à quatre, voire trois sites, les trois B: Belval, où nous serons plus forts en 2015 avec l'ouverture de la Maison de l'innovation, Belvaux où se trouve le CRP Gabriel Lippmann, et Bascharage où le CRP Henri Tudor a ses laboratoires.

Nous maintenons pour le moment aussi le site du Kirchberg qui abrite aujourd'hui le siège du CRP Henri Tudor. Ensuite, il faudra voir comment le programme de construction de la Cité des Sciences se développera.

Qu'est-ce qui changera avec ce regroupement?

Le premier changement est l'ambition d'acquérir une reconnaissance scientifique internationale. Parallèlement, nous souhaitons inscrire le LIST comme un acteur absolument essentiel et décisif dans la politique luxembourgeoise de développement et de diversification économiques par l'innovation. Et ce, en attirant, à travers notre excellence scientifique des chercheurs de haut niveau qui génèreront des nouvelles connaissances, des publications, des brevets et des accords de droit de licence qui pourront déboucher sur de nouvelles activités économiques. Nous prêterons une attention particulière à l'impact socioéconomique que devront pouvoir démontrer nos projets et la valorisation et le transfert de leurs résultats.

Nous renforcerons nos efforts en matière de veille stratégique et technologique pour avoir une approche un peu moins opportuniste que par le passé. Et, surtout, nous avons décidé de prioriser les quinze domaines d'activités pour en extraire six axes d'investissement prioritaires.

Quels sont les domaines de recherche prioritaires que vous avez identifiés?

Ils sont regroupés au sein de trois départements: les matériaux -notament les polymères biocomposites, les nanotechnologies et les nanomatériaux- ; l'environnement - notamment la gestion intégrée de l'eau, la valorisation de la biomasse végétale, l'analyse de la durabilité - ; et enfin l'IT pour des services innovants - notamment la question du Big Data et la prise de décision, les entreprises en réseau et les services de confiance -.

Comment le LIST collaborera-t-il avec les autres acteurs de la recherche au Luxembourg, en particulier avec l'Université?

Nous souhaitons aller vers une collaboration plus stratégique en matière d'investissements, ainsi que dans l'élaboration plus concertée des plans pluriannuels en particulier dans les domaines du développement durable, de l'IT et des sciences et technologies des matériaux. Nous souhaitons également renforcer notre collaboration académique. Il faut que nos collaborateurs possédant une habilitation à diriger des recherches puissent enseigner à l'Université du Luxembourg comme ils ont l'habitude de le faire aujourd'hui dans des universités étrangères. Il faut qu'ils puissent y superviser des doctorants d'autant plus que nous pouvons offrir à l'université une approche pratique, de recherche appliquée, qu'elle a peut-être moins vocation à avoir.

 

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