Recherche et entreprises: synergies concretes

Au Luxembourg, la collaboration entre la recherche publique et les entreprises privées prend forme dans des projets concrets. Avec le soutien du FNR, ces partenariats favorisent l'innovation utile et partagée.

Source : PaperJam
Publication date : 05/26/2025

 

Des collaborations public-privé soutenues par le Luxembourg National Research Fund (FNR) permettent de faire émerger, au Luxembourg, des solutions innovantes dans des domaines aussi variés que la vision par ordinateur, les matériaux avancés ou les technologies de surface. 

Au Snt (Université du Luxembourg), la recherche en vision par ordinateur ne se développe pas en vase clos. L'équipe de Djamila Aouada (CVI2) collabore régulièrement avec des acteurs industriels pour intégrer ses algorithmes à des applications concrètes: rééducation post-AVC, estimation de posture, navigation autonome pour satellites. 

Par exemple, des partenariats avec Artec 3D ou InfiniteOrbits permettent de tester les modèles d'IA dans des conditions réelles. Comme l'explique Djamila Aouada: « Le soutien du FNR a été déterminant pour favoriser des collaborations avec des institutions de recherche et des entreprises, tant au niveau national qu'international. Ces partenariats ont considérablement élargi la portée de mes recherches et facilité un transfert de connaissances utile à l'innovation. Par exemple, grâce à BRIDGES, j'ai pu construire des collaborations solides avec plusieurs entreprises luxembourgeoises, notamment LMO et POST Luxembourg». L'objectif est double: renforcer la pertinence des recherches et permettre à l'industrie de gagner en compétitivité. 

MATÉRIAUX INTELLIGENTS: VERS UNE INDUSTRIE PLUS DURABLE 

Dans un contexte de transition écologique et de pression croissante sur les ressources, le développement de matériaux dits « intelligents » permet d'optimiser les performances industrielles tout en réduisant leur empreinte environnementale. Ces matériaux, souvent bio-inspirés, adaptent leur comportement en fonction des conditions d'utilisation, et ouvrent la voie à des applications plus durables. 

Emmanuel Defay (LIST), spécialiste des matériaux ferroélectriques, développe des systèmes de refroidissement solides qui n'utilisent ni gaz à effet de serre ni pièces mobiles. Cette technologie, basée sur des propriétés électromécaniques de certains matériaux, pourrait à terme remplacer les systèmes de réfrigération traditionnels dans l'électronique ou l'aéronautique. 

Son projet, soutenu par le FNR e.a. via le programme BRIDGES, associe étroitement plusieurs partenaires industriels, dont des entreprises en France et au Japon. Ensemble, ils travaillent à l'intégration de ces matériaux dans des systèmes concrets, testés en conditions réelles. « L'intérêt de ces collaborations est d'orienter très tôt notre recherche vers des applications viables et commercialisables», explique Emmanuel Defay. Ce projet s'inscrit dans une dynamique plus large au sein du LIST. 

Dans le même esprit, le groupe Plasma Process Engineering, dirigé jusqu'à récemment par Patrick Choquet, et repris par la suite par Nicolas Boscher, illustre une autre facette des collaborations public-privé dans le domaine des matériaux avancés. Ce groupe s'est spécialisé dans les traitements de surface par plasma, avec des applications allant des implants dentaires aux revêtements antibactériens, en passant par la protection de l'acier en milieu marin. Ces recherches se sont souvent concrétisées par des collaborations étroites avec des entreprises luxembourgeoises telles que CERATIZIT, ArcelorMittal, Goodyear, Circuit Foil ou Rotarex. « Si je regarde le portefeuille de projets réalisés avec tout type de financement du FNR, plus de la moitié nous ont permis d'initier des collaborations avec des entreprises au Luxembourg. En termes de bénéfice principal pour le pays, il y a déjà notre portefeuille de brevets au sein du laboratoire: un certain nombre de nos brevets sont en copropriété avec des entreprises luxembourgeoises», explique Patrick Choquet. 

Grâce au soutien du FNR, notamment via des instruments comme BRIDGES, ces projets ont permis de développer des procédés sur mesure, testés directement sur des lignes industrielles. Ils illustrent comment une recherche fondamentale peut évoluer vers des solutions concrètes en réponse à des problématiques industrielles complexes, tout en renforçant l'ancrage de l'innovation dans le tissu économique national. 

DES INSTRUMENTS POUR STRUCTURER LES COOPÉRATIONS 

Ces dispositifs structurants permettent d'ancrer les collaborations dans un cadre stable, adapté aux attentes des deux parties. Parmi eux, l'outil BRIDGES, qui soutient les projets de recherche appliquée en lien avec des partenaires socio-économiques. L'objectif: favoriser le développement de compétences, d'outils ou de services directement exploitables. Les projets financés doivent présenter une valeur ajoutée claire pour le partenaire et faire avancer les connaissances dans une perspective concrète. 

Autre mécanisme: les Industrial Fellowships, qui permettent à des doctorants ou post-doctorants de travailler en partie dans une entreprise, tout en restant encadrés académiquement. Ces dispositifs facilitent le recrutement de profils scientifiques au sein des entreprises, et offrent aux jeunes chercheurs une expérience professionnalisante dans un environnement intersectoriel. Ce type de mobilité crée un terreau favorable à l'émergence de projets collaboratifs plus larges. 

UNE STRATÉGIE D'ANCRAGE DANS LE TISSU ÉCONOMIQUE 

En renforçant les collaborations public-privé, le Luxembourg s'inscrit dans une logique d'innovation collaborative, où la recherche n'est pas un monde à part, mais un acteur au service de la société et de l'économie. 

Ces projets permettent aussi de positionner les chercheurs sur des enjeux d'avenir concrets, tout en renforçant la visibilité et la pertinence internationale de la recherche menée au Grand-Duché. A travers ces partenariats, les PME comme les grands groupes peuvent accéder à des compétences scientifiques de pointe, et codévelopper des solutions répondant à leurs besoins spécifiques. 

À l'échelle européenne, cette approche place le Luxembourg dans une dynamique cohérente avec les priorités de la recherche appliquée et de l'innovation orientée impact. 

 

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