Un Japonais pour décrocher la Lune

A la différence des deux premiers acteurs américains du «space mining» auquel le gouvernement a déroulé le tapis rouge, la société japonaise «ispace» sera directement associée à deux acteurs luxembourgeois, le LIST et l'incubateur de Paul Wurth.

Source : Luxemburger Wort
Publication date : 03/03/2017

 

Les deux mêmes questions reviennent à toutes les conférences de presse sur le «space mining»: combien cela va-t-il créer d'emplois au Luxembourg et combien de millions d'euros vont être investis? Au moment de présenter un troisième acteur à choisir le Luxembourg, le ministre de l'Economie balaie les interrogations de cette économie qui doit s'inventer et insiste sur l'investissement à long terme consenti par le gouvernement.

«D'autres pays ont d'autres priorités, d'autres problèmes, font d'autres choix. Prenez par exemple le secteur des biotechnologies, il n'a pas vraiment atteint son break even», explique Etienne Schneider avec pédagogie. «Nous voulons créer un microcosme autour du space mining pour avoir le plus de monde autour de la table», a-t-il commenté. Aller vite est important parce que la couverture médiatique planétaire du projet luxembourgeois aiguise des appétits concurrents. Il est vital de compléter le groupe de conseillers, l'«advisory board», qui devrait accueillir un Chinois et un Coréen le 8 mars, et de présenter des porteurs de projets qui veulent s'implanter. Une cinquantaine auraient manifesté leur intérêt jusqu'ici.

Née en 2008 aux Pays-Bas pour participer au «Google Lunar Xprize», un concours d'innovation doté de 20 millions de dollars de récompense, «ispace» travaille à la fois sur un micro-robot et sur un spectromètre qui permettrait d'analyser les matériaux recueillis dans l'espace, que ce soit des matériaux rares sur les astéroïdes ou sur la Lune. La Japonaise, soutenue par une vingtaine de partenaires privés au Japon pour un budget d'une dizaine de millions de dollars, est une des cinq finalistes du concours qui prévoit trois contraintes: faire atterrir un robot sur la Lune, lui faire effectuer 500 mètres et transmettre une vidéo en haute définition sur Terre. Pour la start-up, la prochaine étape sera le lancement, le 28 décembre, par le lanceur indien «PLSV», développé par l'agence spatiale indienne, qui a déjà mis 104 satellites sur orbite.

Trente ingénieurs et la direction commerciale

«Le Luxembourg est le meilleur endroit en Europe pour s'implanter», a simplement dit son directeur général, Takeshi Hakamada, étant pourtant plus précis que les deux Américains. «Notre société compte aujourd'hui une vingtaine d'ingénieurs au Japon. Elle doit croître à l'étranger et notamment par l'Europe. Il y en aura cinq ou six, ici, dans l'incubateur de Paul Wurth, qui travailleront en étroite collaboration avec le LIST, puis, à terme, entre 20 et 30.»

Le Japonais, qui a rejoint l'aventure de cette start-up lancée aux Pays-Bas en 2008 et 2009, décrit une industrie en plein bouleversement depuis 2012, dans laquelle les milliardaires de la Silicon Valley ont décidé d'investir des millions de dollars. «J'aimerai que notre siège européen nous serve ensuite à commercialiser nos produits.»

A la différence des deux sociétés américaines, «ispace» est un peu plus intimement liée au Luxembourg. Les ingénieurs travaillent et travailleront avec le département des matériaux de l'Institut luxembourgeois des sciences et des technologies (LIST), conduit par Jens Kriesel. «Les travaux sur le spectromètre vont bien plus loin que les matériaux de l'espace», a-t-il expliqué.

Pour le directeur général de Paul Wurth, accueillir les Japonais s'inscrit dans le cadre des partenariats que la société cherche à nouer avec «de jeunes sociétés technologiques (...) y compris pour explorer l'espace, ce qui ne semble pas aujourd'hui dans notre périmètre.

THIERRY LABRO

 

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