Au front contre le coronavirus

Aucune nation n'était réellement prête à gérer la crise du coronavirus. Le Luxembourg est pourtant parvenu à créer des synergies entre les différentes institutions publiques, médicales et de recherche pour faire front face à l'épidémie dès le coup d'envoi du confinement en mars dernier. Thomas Kallstenius, CEO du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), revient sur la gestion de la crise en interne. Il présente également les diverses avancées scientifiques et technologiques menées par le LIST pour contrer l'expansion du Covid-19 sur le territoire national. 

Source : Lëtzebuerger Gemengen
Date de publication : 09/07/2020

 

Comment le LIST a-t-il géré la crise du coronavirus ? 

Comme une très large majorité d'institutions et d'entreprises, nous sommes passés en télétravail le 16 mars, en suivant les recommandations du gouvernement. A vrai dire, nous n'étions pas réellement préparés à un tel bouleversement de notre mode de travail. Nos départements IT et ressources humaines ont travaillé d'arrache-pied afin d'assurer la continuité de l'activité de nos collaborateurs à distance, ce qui nous à finalement permis de nous adapter très vite à cette nouvelle conjoncture. 

Lorsque surgit une crise telle que celle du Covid-19, il est indispensable que tous les organismes et institutions de recherche travaillent ensemble et collaborent. C'est bien là l'esprit du groupe Research Luxembourg au sein duquel se trouvent le LIST, le Luxembourg Institute of Health (LIH), le LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), l'Université du Luxembourg, le Laboratoire National de Santé (LNS) et le Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB). Les ministères de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, de l'Economie et de la Santé, ainsi que les hôpitaux du pays forment les autres chaînes Taskforce Covid-19. 

Quel est le travail des équipes de recherche et plus particulièrement celui du LIST? 

Au sein de la Taskforce Covid-19, nous travaillons sur treize points clés tels que les études du nombre de cas de coronavirus au Luxembourg. Chacune des institutions se concentre davantage sur ses domaines d'expertise. Au LIST, nous nous focalisons notamment sur les solutions en matière d'e-santé, les applications pour tracer les personnes malades tout en respectant la vie privée de chacun et le RGPD (Règlement général sur la protection des données), la logistique et la chaîne d'approvisionnement pour l'alimentation, les médicaments, les masques, etc. Nous pourrions développer très rapidement une application de tracking si le pays le souhaitait.

En d'autres termes, notre travail consiste à trouver des solutions et répondre aux questions ainsi qu'aux problématiques que le gouvernement soulève. Nous offrons ainsi aux décideurs politiques une vue globale de la situation pour qu'ils puissent prendre les bonnes décisions au bon moment. A l'aide de différentes analyses couvertes sous plusieurs perspectives, qu'elles soient sociales, logistiques, médicales ou encore économiques, nous travaillons avec nos partenaires au sein de Research Luxembourg sur plusieurs centaines de scénarios. Les décideurs ont donc toutes les clés en main pour prendre les bonnes décisions grâce à ces analyses qui mixent l'intelligence humaine et artificielle.

Le LIST est également parvenu à déceler les premiers cas de Covid-l9 au Luxembourg grâce à l'action "Coronastep". Pouvez-vous nous en dire plus? 

Il est très difficile d'effectuer des tests sur toute la population de manière continue. Déjà bien avant l'arrivée du coronavirus, nous réalisions des analyses d'eaux usées provenant de stations d'épuration du pays pour y trouver des traces d'autres virus comme les Enterovirus, les Poliovirus ou les Norovirus. Nous avons à notre disposition des échantillons d'eau depuis avril 2019. Dès lors, nous avons entamé des tests qui nous ont permis de retrouver les premières traces de Covid-19 au sein du pays, mi-février à Schifflange. 

A notre connaissance, il s'agit de la première infection détectée au sein de la population luxembourgeoise. L'analyse des eaux usées s'avère donc complémentaire par rapport aux autres types de tests car elle permet de dévoiler les zones touchées pour y concentrer et y orienter davantage de tests par la suite. Les résultats sont disponibles en quelques jours. 

En plus de «Coronastep», nous travaillons sur sept autres projets financés par le Fonds National de la Recherche en lien avec le coronavirus. Ils sont présentés sur notre site list.lu à travers notre série sur les experts Covid-19 du LIST. 

Selon vous, y aura-t-il un avant et après coronavirus ? 

Oui, certains paradigmes changeront et amèneront avec eux leur lot d'opportunités. Nous avons réalisé que la collaboration entre les différentes entités est nécessaire pour parvenir à une société résiliente. Au LIST, nos missions sont axées sur le digital et la durabilité au sein d'une société. Celles-ci prennent encore plus de sens avec la crise du coronavirus car elles aident une multitude de secteurs comme celui de la santé.

Le Luxembourg est un petit pays par sa superficie. Nous y voyons un réel avantage pour y effectuer des tests afin de construire une société résiliente, pour ensuite dupliquer notre savoir-faire à plus grande échelle dans d'autres pays. Le Luxembourg peut être considéré comme un modèle pour une telle société à venir.

 

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