Digitalisation orchestrée

Le secteur de l’industrie a désormais sa plateforme d’accompagnement à l’ère numérique

Source : Lëtzebuerger Journal
Date de publication : 01/10/2019

 

Le Luxembourg a rassemblé ses forces en présence pour doper le secteur de l’industrie et l’aider à passer le cap de la digitalisation. Le ministère de l’Economie, Luxinnovation (qui pilote le projet), la Chambre de Commerce, la FEDIL, l’Université, le LIST: toutes les forces en présence ont signé lundi un partenariat qui a pris la forme très officielle du «Luxembourg Digital Innovation Hub» (DIH), dans les locaux de Luxinnovation à Belval. Pour le ministre de l’Economie Etienne Schneider, il s’agit d’un nouvel outil au services des entreprises: «Le Digital Innovation Hub complète davantage l’offre de services de Luxinnovation. S’inscrivant pleinement dans notre stratégie d’innovation digitale, cette plateforme soutient ainsi la transition numérique de l’économie et s’aligne sur les efforts de diversification de l’économie nationale».

Pour le directeur de la FEDIL René Winkin, l’objectif est d’apporter une aide objective au secteur: «Nous nous sommes rendus compte que, sur le plan européen, le commissaire Oettinger avait lancé cette initiative des “Digital Innovation Hub” en Europe. C’est en fait une sorte de place de marché où offre et demande de technologie de la digitalisation de l’industrie se rencontrent. Pour nos membres, il s’agit de disposer d’une place de marché transparente, que ce soit via un site, via une visite que les des experts de DIH de Luxinnovation vont faire». C’est le recteur de l’Université du Luxembourg, Stéphane Pallage, qui résume encore le mieux le coeur de métier du DIH: «Le Digital innovation Hub, c’est précisément une porte d’entrée pour tous ceux qui ont besoin d’aide en digitalisation».

Le pont entre entreprises et fournisseurs de services

Au pilotage de cette nouvelle entité, le Luxembourg a été chercher en France la spécialiste Marina Guérin-Jabbour. Elle dispose d’une longue expérience au sein de la société IBM. Elle a notamment établi deux «Client Innovation Centres» aux Émirats arabes unis (Dubaï & Abu Dhabi) entre 2014 et 2018. Elle était, depuis début 2019, en charge du Global Industry Solution Centre à Paris, spécialisée dans le développement de solutions informatiques pour les entreprises. La responsable va incarner le pont entre les entreprises perdues face à la montagne digitale et les fournisseurs de solutions. Pour le DIH, il s’agit d’agir en chef d’orchestre de l’écosystème industriel luxembourgeois.

Mais Marina Guérin-Jabbour est bien consciente que les premiers à devoir être convaincus de l’initiative, ce sont les chefs d’entreprise eux-mêmes: «Mon travail va être d’aller vers les dirigeants pour les sensibiliser afin de faire changer toute la culture d’entreprise». L’objectif du DIH est d’amener toutes les entreprises du secteur, et en particulier les PME qui n’ont pas forcément les moyens pour le faire par eux-mêmes, au niveau de la transformation digitale: là où tous les aspects de l’entreprise passent par le prisme du digital.

Pour Marina Guérin-Jabbour, il s’agit de préparer l’industrie luxembourgeoise aux défis numériques: «Nous allons concrètement utiliser le “design thinking” pour mieux déterminer les besoins. Puis les équipes de “Market Intelligence” vont également aider à identifier les nouveaux concurrents du marché. Le service est gratuit, il s’agit d’un service public», rappelle Sasha Baillie, CEO de Luxinnovation. «Nous veillerons à agir dans l’intérêt des entreprises, en assurant une collaboration efficace avec tous nos partenaires, de manière à ce que le Luxembourg puisse disposer en Europe d’une plateforme qui sera exemplaire», a ajouté la CEO.

Si le DIH n’est doté pour le moment que de deux salariés, incluant la dirigeante, c’est parce que tous les partenaires sont impliqués dans le projet. Ainsi toutes les ressources de Luxinnovation sont mises au service du DIH ainsi que les autres partenaires. Une fois les besoins évalués, le DIH n’a vocation qu’à pointer du doigt l’entreprise vers les fournisseurs qui pourront répondre à ses besoins.

Les Luxembourgeois ne sont pas seuls sur ce créneau, il s’agit en réalité d’un projet européen, même si le DIH est pour le moment seul dans son genre. Mais les autres Etats Membres vont suivre l’assure Gail Kent, «Director of Data» de la Commission européenne. A terme, chaque «région» au niveau européen sera doté d’un hub, et les entreprises pourront faire appel à ces hub qui travailleront en réseau afin de regrouper les ressources. «Les PME ne sont pas toujours bien préparées aux changements qu’impose la digitalisation. Nous voulons leur ouvrir toutes les possibilités qui leur sont offertes, avec à terme un réseau pour chaque région. Mais le premier vrai hub vient du Luxembourg, les autres pays membres sont encore en train de lister leurs caractéristiques, ce qui fait du Grand-Duché un leader en la matière».

A partir de 2020, la Commission européenne mettre sur la table un budget de 900 millions d’euros pour la création de ce réseau de hub. Le DIH compte d’ailleurs bien profiter de la manne européenne et devrait dans un futur proche pouvoir postuler à des financements européens.

www.dih.lu 

AUDREY SOMNARD

 

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