Le CRP Henri-Tudor rebondit

Même si la crise économique pèse sur sa collaboration avec les entreprises, le CRP Tudor a clôturé l'année 2012 sur une note positive. En attendant le grand saut et la fusion avec le CRP Lippmann dans moins de deux ans.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 10/04/2013

 

L'année 2012 aura été chargée pour le CRP Henri-Tudor, désormais fiancé au CRP Lippmann (lire encadré) . Côté académique, il a enregistré 246  articles scientifiques publiés avec comité de relecture dans des revues internationales; 49  doctorants ont été encadrés et 17 ont soumis leur thèse avec succès. Le CRP a également assuré 600  heures de cours de master.

« 2012 a été une très bonne année pour la recherche compétitive », ajoute Marc Lemmer, directeur général du CRP Tudor. Il s'agit des appels d'offres qui mettent plusieurs instituts de recherche en concurrence. « Nous avons fait de très bonnes progressions et récolté les fruits de trois ans d'investissements dans des compétences internationales. » Après une année 2011 «très décevante», selon le rapport annuel publié hier, sept propositions de projets du CRP Tudor ont été retenues dans le cadre de l'appel à projets européen CORE.

La recherche contractuelle, qui consiste à développer des projets en collaboration avec une entreprise pour une application spécifique, a rapporté de son côté 7,4  millions d'euros en 2012. « Elle dépend davantage de la santé des entreprises et de l'économie », explique Marc Lemmer. Mais dans une conjoncture délicate, où « même les très grandes entreprises réfléchissent à la façon d'affecter leurs moyens d'investissements », la recherche contractuelle « réalise quand même des résultats très honorables, dans la continuité de 2011 ». Le CRP Tudor se félicite surtout de l'orientation vers le marché adoptée en 2010 avec la mise en place de neuf programmes d'innovation (industrie manufacturière, construction, écotechnologie, transport, finance...).

Au final, 347  contrats ont été signés en 2012 pour un montant de 21,6  millions d'euros. L'industrie manufacturière reste le principal client avec 25  % des contrats. Plusieurs projets ont été lancés avec les grands noms que sont ArcelorMittal, PSA Peugeot Citroën, Textilcord Steinfort ou encore Kronospan. Les clients du CRP Tudor sont installés en majorité au Luxembourg mais 40  % sont à l'étranger (dont une majorité dans la Grande Région).

Une arme contre la désindustrialisation

La cellule de transfert de technologie lancée en 2011 est devenue pleinement opérationnelle l'an dernier. Elle vise à « détecter le potentiel de valorisation » des recherches comme des brevets, des licences et des spin-off, c'est-à-dire la transformation d'un service ou d'un département en entreprise. Le Technoport de Schlassgoart est ainsi devenu une société anonyme. Une autre spin-off devrait voir le jour dans le domaine de l'évaluation des compétences et des connaissances assistées par ordinateur.

Des réalisations saluées par Pierre Decker, premier conseiller de gouvernement au ministère de la Recherche. « Les activités d'innovation et de transfert technologique sont un moyen pour parer à la tendance générale à la désindustrialisation », souligne-t-il.

Pour autant, il oppose une fin de non-recevoir à deux souhaits du CRP Tudor. L'introduction du rapport annuel évoque en premier lieu la création d'instruments financiers propres à l'innovation, alors que le Fonds national de la recherche «répond à la réalité académique des universités et des centres actifs dans la recherche fondamentale». « Le moment n'est pas le plus opportun », répond le représentant du gouvernement, « et de tels instruments existent bel et bien, notamment depuis la loi RDI (NDLR  : recherche, développement et innovation) de 2009 ».

Devant la demande du CRP de « réorienter les objectifs lors du prochain contrat de performance 2014-2017 », Pierre Decker dit « ne pas s'opposer à des critères qualitatifs », mais rappelle le besoin d'« indicateurs fiables utilisables pour un benchmarking avec les autres pays ». « C'est important pour convaincre les décideurs politiques et le public de la nécessité d'investissements publics. »

Un CRP pour deux en 2015

Le représentant du ministère de la Recherche, Pierre Decker, a salué hier le regroupement en cours des CRP Lippmann et Tudor. « S'il va au-delà de la mise en commun des ressources, 1+1 feront plus que 2 » et « cela permettra de créer un centre de recherche et d'innovation interdisciplinaire qui sera le pilier porteur de la recherche publique au Luxembourg. » Le projet de loi qui l'entérine a été déposé en janvier et devrait être voté à la Chambre cette année.

Mais le rapprochement a déjà commencé  : les conseils d'administration des deux CRP renouvelés en octobre dernier comptent les mêmes membres, et un Groupement d'intérêt économique LIST (Luxembourger institute for science and technology) a été créé en janvier. La fusion devrait être effective au 1 er janvier 2015.

Il faudra toutefois encore du temps avant que les deux entités se retrouvent sous un seul et même toit  –  pas avant 2018-2019, selon l'avancée des travaux de la Cité des sciences à Esch-Belval. Le bâtiment du Kirchberg abritera encore quelques équipes. Georges Bourscheid, président du conseil d'administration du CRP Tudor, estime que « quelques années » seront nécessaires pour consolider la fusion en interne. « Ce n'est pas une mince affaire, on n'est pas sorti du tunnel mais nous travaillons dans la convivialité et il n'y a pas de malaise. »



L'innovation primée

À l'issue de la présentation du rapport annuel du CRP Tudor, Kadir Apaydin, chercheur du département Structures et Matériaux avancés, a reçu le prix Secolux pour les travaux menés avec Abdelghani Laachachi et publiés dans la revue scientifique Polymer Degradation and Stability . Le projet, cofinancé par le Fonds national de la recherche, visait à élaborer un revêtement de surface antifeu pour les bâtiments.

Le prix Secolux tire son nom de son sponsor, une association pour le contrôle de la sécurité et de la construction. Pour sa troisième édition en 2014, il sera ouvert aux chercheurs du CRP Lippmann.

Camille Leroux-Frati

 

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