Le roi du vernis en remet une couche

Le numéro 2 mondial du vernis à ongles, International Lacquers Cosmetics, et le Luxembourg Institute of science and technology ont signé jeudi soir un nouvel accord de recherche. La discrète société de Bettembourg doit en permanence innover.

Source : Luxemburger Wort
Date de publication : 25/06/2018

«La consommatrice s’intéresse principalement à quatre choses: combien de temps son vernis va tenir, est-ce qu’il brille, est-ce qu’il sèche rapidement et est-ce qu’il s’applique facilement. Or certaines de ces conditions s’opposent et nous devons trouver le meilleur compromis.»

Dans la halle des poches à fonte d’ArcelorMittal à Belval, la discussion avec Bernard Citroën a quelque chose de surréaliste. Aussi étrange que ce couple de Britanniques quadragénaires croisé au Cebit d’Hanovre une semaine plus tôt, elle petite brune en robe légère, lui colosse au crâne rasé et tatoué partout en train de se faire «imprimer» la photo de son épouse sur les ongles grâce à une technologie chinoise.

23 % du marché mondial depuis Bettembourg

Sous la conduite de ce diplômé d’HEC Paris que sa carrière a mené de Merrill Lynch à New York puis BNP Paribas à Londres vers AEC Partners à Paris, International Lacquers Cosmetics est passé depuis 2013 de 12 à 23 % du marché mondial du vernis à ongles. Une partie des 240 millions de petitq flacons produite par l’usine de Pologne est vendue par les marques bien connues de produits cosmétiques et l’autre partie dans 80 pays. Une nouvelle unité de production ouvrira cet été en Bulgarie, au moment où la société veut s’imposer dans le mascara «waterproof». Derrière le chiffre d’affaires à 80 millions d’euros l’an dernier, pour moins de 300 employés, se cache une stratégie mondiale dans laquelle le centre de recherche et de développement du quartier général de Bettembourg joue un rôle central.

Le chef d’entreprise a signé jeudi soir, à la clôture de la journée «LIST Tech Day», une nouvelle convention de recherche avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), même si les négociations ont été longues. Sur scène et sous les yeux de la directrice de Luxinnovation Sacha Baillie et de la directrice adjointe de l’Administration de l’environnement Joëlle Welfring, le dirigeant s’est même étonné de voir surgir le ministère de l’Environnement dans le processus.

Ces trois dernières années, ses chercheurs et ceux du LIST s’étaient intéressés à la synérèse du vernis, ce moment où les composants d’un liquide – pas seulement d’un vernis à ongles – se dissocient. Au projet «Ivonne» succédera «Namera» autour des vernis à base d’eau ou de composants hybrides.

Luxembourg et le LIST «meilleurs partenaires»

Car sur ce marché en croissance annuelle de 3,7 à 4 % par an jusqu’au moins 2022, une double tendance de consommation se dégage. La première est artistique, il ne s’agit plus seulement de mettre de la couleur sur les ongles mais qu’ils deviennent des œuvres d’art temporaire; et la seconde est dans l’air du temps, avoir recours à des produits plus respectueux de l’environnement, qui ne sentent pas mauvais à l’application.

«La consommatrice a toujours le dernier mot, quoi que nous fassions», explique-t-il au pied du podium où il vient de signer son contrat avec le directeur faisant fonction du LIST, Fernand Reinig. «Nos produits sont d’abord soumis à notre panel. Et pour en arriver là, le Luxembourg et le LIST sont les meilleurs partenaires que nous puissions trouver. Nous avons non seulement besoin d’expertise de très haut niveau dans la recherche fondamentale mais aussi de pouvoir partager nos secrets sans avoir peur qu’ils finissent autre part! La répartition de la propriété intellectuelle est aussi clairement définie!», ajoute-t-il.

Cette excellence de la recherche, cette culture du secret industriel et ce soutien public est l’environnement idéal pour tous ceux qui veulent innover dans le domaine industriel. Le LIST Tech Day a permis de s’en faire une idée avec des témoignages de sociétés aux objectifs très différents, de Goodyear à Carlex en passant par Ceratizit, Circuit Foil, Carl Zeiss Microscopy, PM International, Contern ou LuxSpace, par exemple. Une journée à laquelle les autorités ont pris part, comme le ministre de l’Education supérieure et de la Recherche, le directeur du Fonds national de la recherche, celui de la Fédération des industriels ou encore certains régulateurs, comme celui des Télécommunications et de l’énergie (ILR), celui de protection des données (CNPD) ou de l’environnement. Dans son intervention, jeudi matin, le directeur de la Fédil, Nicolas Buck, a appelé à aller au bout de la logique et à regrouper Snt et LIST pour avoir un véritable one-stop-shop de la recherche pour l’industrie.

THIERRY LABRO

 

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