L'eau vive a des bleus

Les algues bleues jouent les empêcheuses de nager en rond dans nos lacs et nos rivières, mais elles ne s'insinuent pas jusque dans nos robinets. Elles sont toxiques et dangereuses pour les personnes et les animaux. Comme chaque été, les algues bleues viennent gâcher la baignade. Le phénomène est mondial et serait amplifié par le changement climatique. Dangereuses pour la santé, elle ne contaminent cependant pas l'eau du robinet.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 05/09/2019

 

La baignade est interdite depuis une semaine sur la plage Rommwiss. Après la Moselle, c'est au tour d'une partie du lac de la Haute-Sûre d'être infecté par les algues bleues. Empêcheuses de nager en rond, elles rendent toute baignade impossible en raison de leur toxicité. Le Luxembourg n'est pas le seul pays dont les eaux sont touchées. Le phénomène est devenu mondial et inquiète. Ces cyanobactéries, l'autre nom de l'algue bleue, prolifèrent et apparaissent de plus en plus tôt dans la saison. Le LIST (Luxembourg Institute for Science and Technology), qui étudie leur prolifération, a relevé qu'il y a moins d'une dizaine d'années, elles apparaissaient en septembre ou en octobre. En 2018, les premières algues bleues sont apparues fin juillet.

Présentes naturellement dans l'eau, elles se développeraient à la suite d'une combinaison de facteurs : un apport trop important en nutriments et une température trop élevée de l'eau, entre autres. Le LIST, qui surveille ce développement au Luxembourg pour l'administration de la Gestion de l'eau, à l'aide de drones et de bouées équipées de capteurs, estime qu'il pourrait être favorisé par le changement climatique.

Limiter l'apport en nutriments

«Le changement climatique favorise l'augmentation de CO2, l'augmentation des températures, les périodes prolongées de beau temps, mais aussi l'apparition des fortes pluies qui apportent des nutriments aux cyanobactéries», peut-on lire sur le site internet du LIST. L'équipe de l'institut étudie ce phénomène, teste de nouvelles technologies qui permettent d'endiguer la formation de tapis d'algues bleues et analyse les risques microbiologiques et toxiques de ces algues.

Certaines de ces bactéries produisent des toxines dangereuses pour les personnes et les animaux pouvant être à l'origine d'irritations cutanées, de dérèglements gastro-intestinaux, ainsi qu'avoir un impact sévère sur le foie, les reins, le système nerveux et le cerveau en cas d'exposition chronique ou à forte dose, explique l'institut. C'est la raison pour laquelle la baignade dans des eaux infectées est interdite, de même que leur absorption ou la consommation de poisson pêchés. 

Aucun risque pour l'eau potable

La consommation d'eau potable issue du lac de la Haute-Sûre ne présente aucun risque. Idem en ce qui concerne le prélèvement d'eau fait en profondeur. Les traitements pour rendre l'eau potable à 25 mètres de la surface permettent une élimination très efficace des cyanotoxines éventuellement encore contenues dans l'eau à cette profondeur.

Rappelons que pour le moment la baignade reste autorisée sur toutes les plages officielles du lac de la Haute-Sûre – à l'exception de la plage Rommwiss –, ainsi que sur celles du lac de Weiswampach et des étangs de Remerschen.

Si les algues bleues représentent un véritable problème, des solutions existent pour les repousser mais elles seraient difficiles à mettre en place. Un traitement chimique pour les éradiquer existe, toutefois le lac de Haute-Sûre étant un réservoir d'eau potable, il n'est pas envisageable. De même que le fait d'isoler les algues. Le secteur à traiter serait trop vaste, note le LIST. Ce qui empêche également l'utilisation d'ultrasons. La limitation de l'apport en nutriments, comme le phosphore et l'azote, semble la solution la plus efficace. Difficile cependant d'installer le long du lac des plantations aptes à retenir ces nutriments.

Malgré une redéfinition des zones de protection qui permettront de réduire l'apport en nutriments, le LIST reste pessimiste. Le lac en serait tellement plein que leur élimination prendra quelques années.

Sophie Kieffer

 

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