Les papillons menacés

Enrayer le déclin des populations d'insectes

Source : Le Jeudi
Date de publication : 07/06/2018

Les papillons de jour se meurent, tel est le constat sans appel de la ministre de l'Environnement, Carole Dieschbourg. Au Luxembourg, 105 espèces de papillons ont été observées; parmi elles, 89 se trouvent régulièrement sur le territoire. Et à peu près un tiers sont menacées. Les deux tiers restants connaissent, quant à elles, déjà une forte pression.

Face à l'ampleur du phénomène, le ministère a décidé d'élaborer une liste rouge grâce au savoir-faire du LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology). Elle dressera un bilan objectif du degré de menace pesant sur les 89 espèces de papillons de jour qui se reproduisent au Grand-Duché ou y sont régulièrement présentes. Cette liste rouge pourra aussi servir d'outil de comparaison international puisqu'elle se fondera sur les critères de référence objectifs de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Les causes du déclin de la population des papillons coulent de source: les pratiques d'une agriculture intensive utilisant des insecticides et des herbicides dangereux pour les papillons, la monoculture intensive, l'urbanisation galopante et, enfin, le changement climatique.

Si le tableau brossé par Dieschbourg n'est pas rose, la cause des papillons de jour, qui sont d'importants insectes pollinisateurs, n'est pas perdue d'avance et des gestes très simples peuvent contribuer à assurer leur habitat.

Le fauchage tardif des massifs de plantes sauvages au niveau communal, la présence de ces plantes dans les jardins des particuliers dont les propriétaires renoncent à l'utilisation de pesticides ou encore une collaboration avec les agriculteurs afin de promouvoir une production plus extensive sans recours à des produits chimiques nocifs pour les insectes constituent autant de pistes et de remèdes.

D'après la ministre, ce serait avant tout l'agriculture qui bénéficierait de la protection des insectes pollinisateurs en général: « Dans l'Union européenne, les insectes font économiser 15 milliards d'euros au secteur grâce à leur travail de pollinisation. » Carole Dieschbourg rappelle également que de nombreuses campagnes existent déjà. Ainsi «Sans pesticides», lancée en 2009, s'adresse aux citoyens. S'y ajoute le travail du syndicat intercommunal SIAS qui incite les agriculteurs à travailler de manière plus extensive et à renoncer aux pesticides et insecticides. Le SIAS conseille également 13 communes.

L'Etat, quant à lui, a mobilisé une enveloppe de 100 millions d'euros dans le cadre du Plan national concernant la protection de la nature 2017-2021. Il verse également des aides financières aux exploitations agricoles soucieuses de la biodiversité.

Ces actions portent déjà leurs premiers fruits. Les observateurs ont pu noter le maintien, voire le développement, de populations d'insectes dans les zones de protection d'intérêt national.

MAURICE MAGAR

 

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