L'ESRIC, le nouvel étage de la fusée

D'ici la fin de l'année, le Luxembourg sera doté d'un centre de recherche spatiale en collaboration avec le LIST et l'Agence spatiale européenne.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 05/08/2020

 

L'ESRIC, pour «European space resources innovation centre», est la dernière pierre de l'édifice spatial luxembourgeois. L'Agence spatiale luxembourgeoise (LSA), sous tutelle du ministère de l'Économie, et le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) viennent de signer un accord de coopération afin de créer d'ici la fin de l'année un centre dédié à la recherche et au développement en lien avec les ressources spatiales mais visant également le soutien des activités économiques qui s'y rapportent.

Présenté par le ministre de l'Économie, Franz Fayot, la création de l'ESRIC doit s'intégrer au sein de l'initiative SpaceResources.lu déployée en 2016 par son prédécesseur, Étienne Schneider. « L'ESRIC est unique en son genre et doit devenir un centre d'innovation indépendant à vocation internationale dont la structure de recherche ouverte permettra d'intégrer d'autres acteurs européens, publics et privés, afin de constituer un pôle d'excellence des ressources spatiales en Europe », a expliqué Franz Fayot.

Au niveau de son fonctionnement, l'ESRIC disposera d'un budget de 20 millions d'euros sur trois ans. Le ministère de l'Économie financera ce centre de recherche à hauteur de 8 millions d'euros. L'Agence spatiale européenne (ESA) mettra également 8 millions d'euros alors que le LIST participera à hauteur de 3 millions d'euros. À noter une participation d'un million d'euros venant du Fonds national de la recherche (FNR).

Soucieux de ne pas créer une nouvelle entité, l'ESRIC sera dans une première phase un nouveau département au sein du LIST dans ses installations à Belvaux. Ce dernier compte d'ailleurs recruter 30 personnes afin de faire vivre l'ESRIC au niveau de la recherche, du développement de partenaires et de la communication. « Ce partenariat est à la fois naturel et stratégique pour nous car nous menons déjà plusieurs projets de recherche de haut niveau dans le secteur spatial. La création de l'ESRIC offrira de grandes possibilités de synergie et positionnera définitivement le Luxembourg comme une référence européenne dans le secteur des ressources spatiales », a assuré Thomas Kallstenius, CEO du LIST.

Ce centre de recherche complète ainsi les différents éléments, l'écosystème, de l'initiative spatiale luxembourgeoise visant à donner un cadre légal et des possibilités économiques à l'exploitation des ressources spatiales. En plus de son agence spatiale (LSA) qui tend à soutenir et développer l'industrie spatiale luxembourgeoise en attirant de nouvelles sociétés et partenaires dans le pays, le Luxembourg dispose également depuis un an d'un cursus universitaire orienté sur le domaine spatial et qui compte actuellement 12 étudiants. Ce «interdiciplinary space master» a pour but d'enseigner les compétences techniques de base et celles requises par les entreprises spatiales en plus des compétences économiques et entrepreneuriales. Également présent lors de la présentation de l'ESRIC, Claude Meisch, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a d'ailleurs mis en avant la bonne collaboration entre acteurs publics de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Désormais, le Luxembourg semble donc armé pour devenir une référence dans le secteur de l'espace, un secteur où il est permis de rêver jusqu'à l'infini.

Fayot reste pragmatique

Reste à attendre des résultats et des effets positifs pour le pays. Lorsqu'Étienne Schneider était encore aux manettes du ministère de l'Économie, il n'hésitait pas à souligner qu'il était en contact avec une centaine d'entreprises intéressées par la stratégie luxembourgeoise et une éventuelle installation sur le territoire. Mais depuis 2016 et le début de cette aventure spatiale, les entreprises à avoir passé la frontière ne sont pas légion. D'ailleurs, Franz Fayot s'est voulu plus mesuré dans ses propos que son prédécesseur : « Je ne suis pas personnellement en contact avec une centaine d'entreprises. Mes équipes sont en contact avec un certain nombre d'entreprises. Sans m'attarder sur un nombre, il est vrai qu'il y a toujours un grand intérêt de la part des entreprises actives dans le secteur spatial et elles regardent avec beaucoup d'attention ce que nous faisons au Luxembourg. Un écosystème est en train de se mettre en place et l'ESRIC est une pièce centrale du développement de cet écosystème. »

Enfin, interrogé sur la position du gouvernement sur une éventuelle candidature d'Étienne Schneider au poste de directeur de l'Agence spatiale européenne, Franz Fayot a répondu avec pragmatisme : « Avant d'avoir le soutien du gouvernement, il faut d'abord que cette candidature se concrétise. À ce moment-là, le gouvernement se prononcera sur le sujet. » Pour rappel, la fin du mandat de directeur général de l'Allemand Jan Wörner prendra fin en juillet 2021. Et depuis le début de l'année, les rumeurs sur les candidats éventuels se bousculent et placent Étienne Schneider dans la liste des favoris, le tout avec pour toile de fond des enjeux diplomatiques européens, notamment entre la France et l'Allemagne.

Jeremy Zabatta

 

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