Objectif Lune pour ispace

Présent au Luxembourg dans le cadre de l'initiative SpaceResources, ispace veut frapper fort d'ici à 2021 et devenir la première entreprise à trouver de l'eau sur la Lune.

Source : Le Quotidien
Date de publication : 10/01/2019

 

La société japonaise ispace, qui a son siège européen au sein de l'incubateur de Paul Wurth, InCub, a de l'ambition et l'a encore réaffirmé hier avec une petite démonstration grandeur nature de son «véhicule lunaire».

C'est dans un espace sableux de 100 m2 ressemblant à un grand bac à sable, et qui est censé reproduire les aspérités de la surface du satellite naturel de la Terre, que le «rover lunaire» d'ispace a effectué quelques manœuvres.

Présent au Luxembourg depuis deux ans, dans la foulée du lancement de l'initiative spatiale luxembourgeoise, ispace, la petite pépite japonaise déjà repérée par Google et son programme «Google Lunar X Prize», emploie 16 personnes et semble devenir le meilleur atout de la stratégie spatiale d'Étienne Schneider, le ministre de l'Économie. En effet, ispace semble être sur une bonne lancée et pourrait faire office de bon élève de la stratégie luxembourgeoise si la société japonaise arrive au bout de ses ambitions, tout en faisant oublier les mauvais investissements de l'État dans Planetary Resources et Deep Space Industries, deux entreprises américaines aux fortes ambitions dans le domaine de l'exploitation de ressources spatiales (par exemple, sur des astéroïdes).

La course au pétrole de l'espace

Après une levée de fonds de 80 millions d'euros en décembre 2017, ispace semble pour le moment disposer de bonnes bases, parmi lesquelles une coopération avec la société SpaceX pour deux lancements et surtout des partenariats avec le LIST et le Fonds national de la recherche (FNR) pour, d'une part, développer un spectrogramme de masse compact visant à trouver de l'eau sur la Lune et, d'autre part, travailler au système de navigation du véhicule lunaire. 

Si la démonstration d'hier reste plus anecdotique qu'autre chose, ispace ne cache pas son ambition d'être la première entreprise privée à atterrir sur la Lune (auparavant, seuls deux pays s'y sont rendus, les États-Unis et la Chine).

Le but final est de pouvoir trouver de l'eau sur la Lune et, plus des particulièrement, des molécules d'hydrogène dans le sol lunaire afin de les transformer en carburant pour des engins spatiaux et donc convertir l'eau en pétrole de l'espace. 

Reste maintenant à prendre son mal en patience et attendre un premier lancement dans le courant de l'année prochaine. «Le premier lancement, "Mission 1", aura pour but de mettre un module en orbite autour de la Lune, explique Kyle Acierno, le dirigeant canadien d'ispace au Luxembourg. Un deuxième lancement, "Mission 2", viendra en 2021, avec un atterrissage lunaire dans le but de collecter des donner à partir de la surface de la Lune.» 

Mais, d'ici à 2021, ispace risque d'être doublé par des puissances comme la Chine ou l'Inde qui ont fait de la Lune un nouvel objectif dans leur course à l'espace. Pour autant, Kyle Acierno reste optimiste à l'égard de cette course à l'eau lunaire, même s'il reconnaît que «la Chine a d'importants moyens et une stratégie agressive».

Évidemment, réussir à alunir sera déjà un exploit et un succès pour la stratégie spatiale luxembourgeoise. Mais la Lune semble être la convoitise de plusieurs grandes nations, dont la Chine et l'Inde. Réussir à y mettre les couleurs du drapeau luxembourgeois sera déjà un évènement.

La recherche mise en avant

Arriver sur la Lune afin d'y trouver et d'y exploiter de l'eau dans le but de la transformer en carburant spatiale et étendre l'empreinte humaine dans l'univers reste un projet passionnant et un peu fou à la fois. Et cela permet de constituer des forces de travail et de recherche sur Terre. C'est d'ailleurs dans ce cadre que la stratégie spatiale luxembourgeoise tente de se diriger en voulant attirer des chercheurs, des ingénieurs et des électro-ingénieurs capables de travailler aux solutions du secteur spatial. Dans ce même cadre, l'apport du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), qui développe un spectromètre de masse compact pour ispace avec le soutien du Fonds national de la recherche (FNR), est une des clés pour faire du Luxembourg une destination de choix pour les entreprises du secteur spatial voulant y faire de la recherche.

Jeremy Zabatta

 

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