Surveillance étroite des pollinisateurs au Luxembourg

Récemment le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a organisé à Belvaux une conférence intitulée «Meeting the pollinators — importance, decline and perspectives». Des chercheurs du LIST ont abordé un problème écologique et économique majeur en Europe, et donc au Luxembourg: le déclin des pollinisateurs — tels qu'abeilles, bombyles et papillons — qui constituent un élément fondamental des écosystèmes.

Source : Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek
Date de publication : 09/01/2019

 

Le déclin des insectes est un phénomène international, avec des pertes considérables d'insectes volants, notamment en ce qui concerne l'abondance des papillons de prairie, enregistrées au cours des quatre dernières décennies en Europe du Nord-Ouest. 

L'ampleur du phénomène est telle qu'un grand nombre d'initiatives sur les pollinisateurs ont été lancées depuis le début des années 2000, de l'Océanie à la Colombie, en passant par l'Amérique du Nord, l'Afrique, l'Europe, etc. Partout dans le monde, les autorités tentent de comprendre ce déclin et mettent en place des mesures pour endiguer cette tendance. 

Au Luxembourg les chiffres sont alarmants. En Allemagne, la biomasse d'insectes a diminué de 75 % depuis 1989, en Angleterre, la biomasse de six groupes d'invertébrés a diminué de 35 % depuis 1970, et en Suède et au Danemark des chutes spectaculaires du nombre de, respectivement, quatre et cinq espèces de bourdons ont été signalées. 

Plus près du Luxembourg, des chercheurs ont observé des changements radicaux dans l'abondance et la répartition des bourdons. Des analyses de tendances de population, en fonction de l'abondance, de la taille et de la diversité, ont révélé qu'entre 68 et 88 % des espèces de bourdons ont respectivement connu un déclin au cours du siècle dernier et que quatre espèces ont complètement disparu. Seules quelques espèces ont tendance à accroître leur abondance relative et à dominer les autres, ce qui conduit à une homogénéisation des communautés de bourdons. 

Au vu de cette tendance, il est évident que le Luxembourg n'est pas épargné. Comme l'a souligné l'indicateur européen pour les espèces des prairies, le Luxembourg est l'une région de l'Union européenne ayant le plus grand nombre d'espèces communes de papillons de prairies en déclin. Cette observation a été faite via le réseau de surveillance des papillons coordonné par le LIST depuis 2010. En compagnie du Musée national d'histoire naturelle (MNHN), natur&ëmwelt, du consultant ECOTOP, des stations biologiques ainsi que de bénévoles, et avec le soutien financier du Ministère de l'Environnement, du Climat et du Développement durable, le LIST produit un atlas des papillons et une nouvelle liste rouge reprenant le statut de conservation de chaque espèce de papillon au Luxembourg. 

L'atlas compare l'évolution de la répartition des espèces entre les périodes 1990-2009 et 2010-2016. Ces analyses montrent qu'entre ces deux périodes, près des deux tiers des espèces de papillons ont décliné dans leur zone d'occupation. Grâce à divers projets de recherche sur le terrain, les chercheurs étudient les facteurs de risque. D'une part, les données nécessaires à la minimisation des pertes d'hiver dans les colonies d'abeilles gérées ont été obtenues au Luxembourg. 

Et d'autre part, des modèles de ravageurs et de pathogènes ont été développés afin de réduire le nombre d'applications de pesticides. Ces deux aspects sont respectivement étudiés dans les projets Bee-First «Effects of agricultural structures and apicultural techniques on honey bee health in Luxembourg» et Sentinelle «Warning and advisory platform for the main pests and diseases in the major crops in Luxembourg», tous deux soutenus par l'Administration des Services Techniques de l'Agriculture du Ministère de l'Agriculture. 

L'utilité des activités de recherche du LIST sur les abeilles et les pollinisateurs a pris une importance accrue depuis mars 2018 lorsque l'initiative européenne sur les pollinisateurs a défini trois priorités. 

La première consiste à améliorer la connaissance du déclin, de ses causes et de ses conséquences. La seconde appelle à s'attaquer aux causes du déclin. La troisième priorité s'attache à la sensibilisation, au dialogue avec la société dans son ensemble et à la promotion de la collaboration. 

Au Luxembourg, ces priorités sont prises en compte dans les différents programmes de surveillance existants. Un important cocktail de facteurs de stress peut expliquer le déclin des pollinisateurs, dont la plupart sont le résultat des activités humaines. Le changement d'affectation des terres (par exemple l'urbanisation et les pratiques agricoles intensives, qui s'accompagnent de l'emploi de produits chimiques agricoles), la pollution environnementale, le changement climatique, les agents pathogènes, ainsi que des espèces exotiques invasives constituent des enjeux d'une importance particulière qui doivent être abordés dans les prochaines années. 

 

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