Des zones industrielles «nouvelle génération»

Un territoire ayant un impact positif sur l'environnement, des bâtiments innovants et flexibles, des produits réutilisables à l'infini, des entreprises qui s'échangent informations, matériaux et même salles de réunion ou d'exposition... Voilà à quoi ressemblera (peut-être) la zone d'activité du futur. C'est en tout cas le souhait du ministère du Développement durable et des infrastructures, qui depuis quelques mois déjà, fait la promotion du concept «cradle to cradle» au Luxembourg.

Source : Luxemburger Wort
Date de publication : 26/02/2015

 

A l'origine de ce phénomène, on retrouve le chimiste Michael Braungart et l'architecte designer William McDonough qui imaginèrent une société sans déchets. «Cradle to cradle» (du berceau au berceau), telle est la philosophie de ce principe où tout peut être réutilisé à l'infini. Il s'agit d'un processus qui met en œuvre à la fois l'analyse chimique des éléments à utiliser et un système social fondé sur la restitution. Les entreprises converties au «cradle to cradle» (ou C2C) ne parlent d'ailleurs plus de «cycle de vie» d'un produit, mais de «cycle d'usage». En effet, une fois sa phase d'utilisation terminée, un produit labellisé C2C doit être facilement démontable, et ses composants réutilisables à l'infini.

Dans le cadre du projet Interreg IVB – C2C BIZZ, le ministère du Développement a examiné, en collaboration avec dix autres partenaires de six pays du Nord-Ouest de l'Europe, dans quelle mesure ce concept pouvait servir de ligne directrice pour la planification et la mise en place de zones d'activités. Au Grand-Duché, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et l'EcoParc Windhof ont été mobilisés.

Dans chacun des pays participants ont été mis en place des sites pilotes où les différents aspects du C2C ont pu être implémentés et analysés. Par exemple au Royaume-Uni, un démonstrateur pour la réutilisation optimale du flux secondaire des déchets a été construit. En France une friche industrielle diversifiée et résiliente a été développée et au Luxembourg, de l'énergie renouvelable a été générée sur le site de l'EcoParc Windhof.

Prévoir dès le départ

«Jusqu'à présent les questions traditionnelles qu'on se posait avant la mise en place d'une zone d'activité était de savoir comment créer des emplois et comment répondre aux besoins des entreprises pour les garder sur notre territoire», a déclaré Liette Mathieu, ingénieur 1re classe au ministère du Développement durable, lors d'une conférence organisée dans les locaux de LIST. «Le fait de prévoir et de planifier dès le début les connexions avec les transports publics ou d'imaginer le site dans son interconnexion avec l'environnement n'a pas toujours été évident», ajoute-t-elle. Le concept «cradle to cradle» préconise un changement de mentalité. «On peut par exemple prévoir dès le début un échange entre les entreprises, que ce soit au niveau des informations, des matériaux ou des salles de réunion. Il existe plein de possibilités, il faudra les prévoir dès la conception d'un projet», a précisé Liette Mathieu.

Les partenaires ont également développé un grand nombre d'outils destinés à faciliter l'application de la méthodologie du C2C sur les zones d'activités. Notamment un guide intitulé «Guide to Cradle to Cradle inspired business sites» qui regroupe des conseils sur les zones d'activités qui peuvent être inspirées par le concept. Le guide, conçu de manière interactive, s'adresse à toutes les parties prenantes qui peuvent intervenir dans l'élaboration d'un projet de zone d'activité: les autorités locales, les propriétaires fonciers, les responsables d'aménagement urbain, les investisseurs, les locataires, les gestionnaires de projets, etc... Le concept du C2C peut s'appliquer aussi bien à un nouveau projet de zone d'activité qu'au redéveloppement d'un site existant. «On n'est pas obligé de réaliser un projet à 100 %. On peut faire le choix d'en appliquer que quelques principes».

Si le «cradle to cradle» est en train de séduire les entreprises, il reste encore à convaincre les autorités publiques à se lancer dans des projets innovants. Pour Camille Gira, secrétaire d'Etat, le moment est venu de passer d'un modèle économique linéaire à un modèle circulaire où les ressources sont conservées et réutilisées à l'infini.

(ndp)

 

Partager cette page :