Gabriel Crean a officiellement pris les rênes du List, début mai. Le professeur irlandais entend positionner l’institut en accélérateur européen d’innovation, entre la recherche fondamentale et le marché. «On peut faire du Luxembourg un vaste laboratoire d’expérimentation et de test», confie-t-il.
Source : PaperJam
Date de publication : 27/05/2015
Le List (Luxembourg Institute of Science and Technology) est officiellement entré en activité en début d’année. Né de la fusion des CRP Tudor et Lippmann, fort de 630 collaborateurs dont 80% de chercheurs, l’institut se positionne comme la référence luxembourgeoise en matière de recherche et d’innovation, dans trois domaines tout particulièrement: les matériaux, l’environnement et les agro-biotechnologies, ainsi que les technologies de l’information et de la communication. L’ambition est de positionner le List comme un RTO (Organisation de recherche et de technologie) de référence en Europe.
Voilà pour le positionnement et les ambitions. Pour mettre tout cela en musique, le conseil d’administration a choisi d’en confier la direction à une figure de la recherche internationale, le professeur irlandais Gabriel Crean, qui a officiellement pris ses fonctions début mai. «Je suis très enthousiaste, également très impressionné par le List qui, avec son équipe pluridisciplinaire, affiche une force incroyable, confie le nouveau CEO à Paperjam. Au-delà des acteurs de la recherche, la taille du pays, les moyens déployés, les ambitions, mais également la proximité avec les décideurs et le gouvernement sont d’indéniables atouts pour faire du Luxembourg un vaste laboratoire d’expérimentation et de test.»
Rencontré lors de sa première sortie, le 29 avril dernier, dans le cadre de la conférence annuelle des Organisations de recherche et technologie européennes organisée au Luxembourg, Gabriel Crean poursuit. «Les data centers, le déploiement des smart grid (réseaux intelligents), le high performance computing (science des «superordinateurs», ndlr) ou bien encore la stratégie Digital Lëtzebuerg sont autant de domaines ou d’initiatives sur lesquels nous pouvons nous positionner pour tester et expérimenter des innovations, des prototypes et des concepts. Cela vaut pour des technologies développées au Luxembourg, mais également du reste de l’Europe, pour des produits comme pour des services. Au Luxembourg, contrairement à ce qui se passe ailleurs, nous pouvons aller très vite pour développer un portefeuille de technologies complet, c’est un avantage considérable.»
Si le professeur confie que son agenda est déjà bien chargé, cela n’a rien à voir avec son déménagement – alors en cours. Cela s’explique notamment par sa stratégie: Gabriel Crean se veut avant tout pragmatique et fédérateur: «Les équipes, les outils et les moyens (la dotation étatique s’élève à 39 millions d’euros par an dans le cadre d’un plan quadriennal, ndlr) mis à notre disposition offrent un réel potentiel. L’ambition est de travailler en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs concernés: le FNR (Fonds national de la recherche), Luxinnovation, l’Université, les clusters… L’une de mes priorités est également d’aller à la rencontre des chefs d’entreprise, des PME comme des grands groupes, afin, ensemble, de développer un écosystème compétitif au sein duquel l’industrie, notamment, a toute sa place. L’innovation est le moteur principal de la croissance économique, donc de l’emploi, ne perdons pas cela de vue.»
Au cœur de la communauté
Gabriel Crean peut puiser dans son expérience acquise au CEA Tech, le pôle recherche technologique du Commissariat à l’énergie atomique en France, dont il était le vice-président depuis 2012. Le CEA Tech, qui regroupe 4.500 collaborateurs et qui est le plus important RTO d’Europe, est une référence en matière de valorisation de l’innovation industrielle.
Autre atout, et non des moindres, sur lequel compte s’appuyer le professeur Crean pour positionner le List comme un accélérateur d’idées, de concepts et d’innovations, entre la recherche fondamentale (on l’a compris, l’accumulation des publications scientifiques n’est pas une priorité en soi) et le marché: l’ouverture prochaine de la Cité des sciences et de l’innovation à Belval.
«Je suis vraiment impatient que l’on prenne possession des lieux. Le fait de fédérer les équipes sur un même site va naturellement générer une nouvelle dynamique et de la créativité. Des chercheurs y sont déjà installés, mais le timing est bon, puisque nous disposons encore d’un peu de temps pour façonner et modeler les lieux comme nous l’entendons», souligne Gabriel Crean. Un chantier que le professeur va suivre de très près: «J’emménage à Belval. Je veux faire partie intégrante de cette communauté.»
Fabrice Barbian