Kleos, de Belval à l'Australie

Son actionnaire est à Londres, elle est née à Belval l'été dernier. La start-up Kleos, spécialisée dans l'espace, a bouclé une levée de fonds de 1,4 million d'euros auprès d'investisseurs australiens et ira chercher 7 autres millions à la bourse de Sydney en juillet.

Source : Luxemburger Wort
Date de publication : 08/02/2018

Andy Bowyer est un touche-à-tout malin. Depuis dix ans, cet ingénieur-consultant né au Canada et vivant en Grande-Bretagne s'est lancé dans la construction… dans l’espace. Après avoir observé les politiques gouvernementales et les environnements à la loupe, des Etats-Unis à la Grande-Bretagne, il décide d'installer ses projets... au Luxembourg.

Le 17 juillet, Kleos, hébergée au Technoport de Belval et propriété de Magna Parwa, son actionnaire à Londres, signe un accord stratégique au Luxembourg. Au ministère de l’Economie, au beau milieu de l’été, le chef d’entreprise loue la dimension proactive du Luxembourg, son leadership, la quasi-absence de bureaucratie et la compréhension des enjeux financiers. Le ministère de l’Economie «lui ouvre les portes» d'Emtronix, société de Differdange spécialisée dans les logiciels et la technologie de pointe, et le LIST et son département des nano-matériaux.

Deux annonces à venir en mars

Cet accord doit lui permettre de travailler sur son idée: construire directement dans l'espace en emportant des matériaux depuis la Terre avec une sorte d'imprimante 3D. Ces structures, fabriquées en une seule fois donc plus solides, en-l’absence de gravitation et les radiations, par exemple, seront de trois à cinquante fois plus grandes. Pour financer son projet, Bowyer veut générer des revenus par l'observation de la Terre, il lancera donc des satellites. Avec ses petits engins, «de la taille d’une boîte à chaussures», aime-t-il à plaisanter – parce que le sien pèse 100 kilos contre plus de 4.000 kilos pour GovSat 1– Kleos pourra surveiller tout ce qui est illégal, des pêcheurs qui puisent dans les océans sans respecter les règles à ceux qui franchissent les frontières dans l’illégalité ou roulent dans des voitures volées. Ses premiers clients pourraient justement être australiens et surveiller l'attitude des pêcheurs.

Après avoir terminé une levée de fonds de 1,4 million d’euros auprès des Australiens de Hunter Capital, la levée de fonds en bourse annoncée hier s’inscrit dans cette logique. Contre 20 % des parts, l’entrepreneur veut récupérer 13 millions de dollars australiens (7 millions d’euros).

En mars, Kleos – «gloire» en grec – dira qui fabriquera et qui lancera son premier nanosatellite en 2019, point de départ de ses revenus.

L’Australie s’est lancée l’an dernier dans une politique de l’espace «assez semblable au Luxembourg», dit l'entrepreneur: une agence nationale verra le jour cette année, un fonds d’investissement d'un million de dollars propose des bourses à des start-up et des étudiants; un groupe d’investisseurs privés, l’Equatorial Launch Australia a obtenu la location de 60 hectares pour construire, pour 100 millions de dollars la première base de lancement du pays, opérationnelle dès la fin de l’année. Cet endroit, autrefois utilisé par l’Agence spatiale européenne, est situé à la position idéale pour profiter de l’orbite idéale pour observer la Terre Mais, surtout, l’Australie a décidé d’être beaucoup plus accueillante avec les start-up, surtout quand elles sont technologiques et il était vital pour Kleos de poursuivre son développement à toute vitesse.

Passé de six salariés en début d’année dernière à huit, Kleos devrait employer plus de 60 personnes en 2020.

THIERRY LABRO

 

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