Le plan du List pour un Luxembourg plus écolo

Pour que le Luxembourg soit plus vertueux et respecte les objectifs de l'accord de Paris, une grande étude du List détaille toutes les mesures à prendre.

Source : rtl.lu
Date de publication : 13/03/2022

 

Le Luxembourg peut-il respecter les accords de Paris? Est-il possible de devenir climatiquement neutre d'ici 2050? Comment construire un pays plus écologique sans perdre sa force économique, sa justice sociale?

Ce sont quelques-unes des questions auxquelles le List et d'autres équipes pluridisciplinaires ont tenté de répondre dans une étude baptisée "Luxembourg in Transition". L'objectif: trouver les mesures qui permettront de limiter le réchauffement climatique bien en-dessous des 2°C et atteindre la neutralité carbone. Vaste programme donc, surtout compte tenu de la difficulté du défi.

Compilées et étudiées sous la tutelle du professeur Florian Hertweck, professeur à l'Uni, les mesures rassemblées permettraient de réduire les émissions de CO2 de 90% d'ici 2050. Soit un total d'environ 1,6 tonne de CO2 par an et par personne, contre environ 15 aujourd'hui en Grande Région. "C'est un plan très, très ambitieux" confie Thomas Gibon, chercheur au List. "Mais il l'est moins que celui d'autres équipes de chercheurs" plaisante-t-il, conscient que ce programme nécessite de se retrousser les manches.

N'en doutez pas, tous les secteurs de l'économie et de la vie quotidienne sont mentionnés dans cette étude qui requiert la participation de tous. "Il ne s'agit pas de choisir ses préférences, il faudrait vraiment changer toutes les habitudes pour que cela marche" prévient Thomas Gibon. Certaines dépendent de l'action de l'État, d'autres de la bonne volonté de chacun. "Les individus et le gouvernement sont les acteurs de ce changement."

Pas de panique toutefois, les chercheurs ne veulent pas ramener le Luxembourg à l'âge de pierre. Ils ont d'ailleurs limité leur sélection à des évolutions techniquement faisables.

DES LOGEMENTS PLUS PETITS

En matière de logement, les chercheurs ont conclu qu'il fallait densifier les nouveaux espaces de vie et limiter l'étalement urbain. Une conception à appliquer également aux nouvelles habitations, plus petites (de 53 à 35 m2 par personne) donc plus économes. Une transformation incontournable car le chauffage représente un des principaux postes de rejet de CO2. À condition bien sûr de mieux isoler les habitations et de réduire l'usage des énergies fossiles pour se chauffer.

Mais le Luxembourg est aujourd'hui dépendant - et un peu victime - de sa démographie. Les chercheurs du List l'ont compris et estiment que la population devra grandir un peu moins vite.

Pour respecter leurs critères urbanistiques et environnementaux, certaines communes ne devront pas accueillir davantage d'habitants. Ceci afin de limiter la population du pays à 745.000 résidents en 2050, contre 924.000 selon les projections officielles. Ils espèrent donc que certains préfèreront vivre dans le reste de la Grande Région, principalement en France, où la démographie augmente moins vite.

HALTE AU MOTEUR THERMIQUE

Dans les transports, pas de surprise: leurs calculs placent la voiture individuelle comme la principale source de CO2. Très loin devant l'aviation et les transports en commun. Il faudra donc relever les taxes appliquées sur les carburants pour combattre le tourisme à la pompe.

Selon la méthode employée par les chercheurs, l'État devra, bien entendu, encourager le passage à une motorisation électrique via des aides (qu'il faudra ouvrir aux véhicules d'occasion) et multiplier les bornes de recharge. Le tout, jusqu'à faire disparaître le moteur thermique à l'horizon 2050. Un plus grand recours au covoiturage est également jugé indispensable (en passant de 1,2 à 1,6 passager par voiture).

Pour les transports en commun, leur projet envisage d'étendre le réseau de tram... jusqu'aux frontières voire au-delà. "Nous imaginons des transports en commun renforcés jusqu'à Arlon en Belgique, Thionville en France..." fait savoir Claudia Hitaj. Certains projets sont d'ailleurs déjà dans les cartons: tram rapide Esch-Luxembourg, nouvelle ligne de tram dans la capitale... "Il s'agit d'empêcher la future population luxembourgeoise d'être trop dépendante de la voiture" ajoute Thomas Gibon.

Sans oublier les cyclistes, qui seront plus nombreux à condition de développer un réseau cyclable plus sûr. Paradoxalement, les émissions dues aux déplacements à vélo augmenteraient légèrement à cause d'une probable électrification des deux-roues.

Enfin, le List conseille de ne prendre l'avion qu'une fois tous les deux ans et de le remplacer par le train tant que le trajet dure moins de 5h.

DU VERT DANS NOS ASSIETTES

Dans nos assiettes, la viande et le poisson accumulent les mauvais points environnementaux. "Avec un régime flexitarien, à raison d'un jour de viande et six jours de repas végétariens, cela permettrait de réduire les émissions du secteur de 40%" annonce Claudia Hitaj, chercheuse au List. Bien que les régimes végétariens et végétaliens soient plus efficaces, le choix d'un régime flexitarien a été fait car plus acceptable et facile à mettre en place.

À l'échelle de la Grande Région, cela se traduit aussi par un maintien des terres dédiées à l'alimentation, mais en misant davantage sur l'alimentation humaine et moins sur celle des troupeaux.

En termes de consommation de biens, privilégiez des objets avec "une durée de vie plus longue" dit le List. Si possible, c'est aussi vers le marché de l'occasion qu'il faudra se tourner.

DÉVELOPPER DES PIÈGES À CO2

Réduire ses émissions de gaz à effet de serre, c'est une chose. Mais impossible d'être 100% neutre. Il faut donc développer des mesures de compensation.

En ville, le List s'attend à un développement des toitures végétalisées capables de stocker un peu de CO2. Et envisage également une plus grande place aux arbres: sylvopastoralisme (pâturage en forêt, ndlr), capture de CO2 par les terres arables, plantations en bordures de champs, végétalisation des rives des cours d'eau...

Un programme long, dense, mais à quel coût? Le List confesse ne pas avoir chiffré son plan "Luxembourg in Transition". Infaisable donc? "Ça coûtera moins cher que de ne rien faire" assure Thomas Gibon. Un message qui résonne avec les catastrophes climatiques vécues ces dernières années: une tornade, de multiples inondations... "Plus on traîne, plus il faudra agir vite et fort plus tard."

5minutes.rtl.lu/actu/luxembourg/a/1878704.html

Thomas Toussaint

 

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