Le LIST a récemment présenté ses études sur les pollinisateurs dont le déclin en Europe est un enjeu écologique et économique majeur.
Source : Le Quotidien
Date de publication : 22/12/2018
Le déclin des insectes est un phénomène international, avec des pertes considérables d'insectes volants, notamment en ce qui concerne l'abondance des papillons de prairie, enregistrées au cours des quatre dernières décennies en Europe du Nord-Ouest. L'ampleur du phénomène est telle qu'un grand nombre d'initiatives internationales sur les pollinisateurs ont été lancées depuis le début des années 2000 dans le monde entier.
Tout autour des frontières du Luxembourg, les chiffres sont alarmants. Il est évident que le Grand-Duché n'est pas épargné. Comme l'a souligné l'indicateur européen pour les espèces des prairies, le Luxembourg est l'un des pays de l'Union européenne ayant le plus grand nombre d'espèces communes de papillons de prairies en déclin. Cette observation a été faite via le réseau national de surveillance des papillons coordonné par le LIST depuis 2010.
En compagnie du musée national d'Histoire naturelle (MNHN), de natur&ëmwelt, du consultant Ecotop, des stations biologiques ainsi que de bénévoles très motivés, et avec le soutien financier du ministère de l'Environnement, du Climat et du Développement durable, le LIST produit un atlas des papillons et une nouvelle liste rouge reprenant le statut de conservation de chaque espèce de papillon au Luxembourg.
L'atlas compare l'évolution de la répartition des espèces entre les périodes 1990-2009 et 2010-2016. Ces analyses montrent qu'entre ces deux périodes, près des deux tiers des espèces de papillons ont décliné dans leur zone d'occupation.
Grâce à divers projets de recherche sur le terrain, des chercheurs du LIST étudient les facteurs de risque et élaborent des pratiques de gestion améliorée afin de réduire les pertes de colonies d'abeilles dans le pays.
Ainsi, d'une part, les données nécessaires à la minimisation des pertes d'hiver dans les colonies d'abeilles gérées ont été obtenues dans tout le Luxembourg. Et d'autre part, des modèles de ravageurs et de pathogènes ont été développés afin de réduire le nombre d'applications de pesticides. Ces deux aspects sont respectivement étudiés dans les projets BeeFirst «Effects of agricultural structures and apicultural techniques on honey bce health in Luxembourg» et Sentinelle «Warning and advisory platform for the main pests and diseases in the major crops in Luxembourg», tous deux soutenus par l'administration des services techniques de l'agriculture du ministère de l'Agriculture.
Trois priorités au Grand-Duché
L'utilité des activités de recherche du LIST sur les abeilles et les pollinisateurs a pris une importance accrue depuis mars 2018 lorsque l'initiative européenne sur les pollinisateurs a défini trois priorités sur le sujet. La première consiste à améliorer la connaissance du déclin, de ses causes et de ses conséquences. La seconde appelle à s'attaquer aux causes du déclin. Enfin, la troisième priorité s'attache à la sensibilisation, au dialogue avec la société dans son ensemble et à la promotion de la collaboration. Au Luxembourg, ces priorités sont prises en compte dans les différents programmes nationaux de surveillance existants.
Un important cocktail de facteurs de stress peut expliquer le déclin des pollinisateurs, dont la plupart sont le résultat des activités humaines. Le changement d'affectation des terres (par exemple l'urbanisation et les pratiques agricoles intensives, qui s'accompagnent de l'emploi de produits chimiques agricoles), la pollution environnementale, le changement climatique, les agents pathogènes, ainsi que des espèces exotiques invasives constituent des enjeux d'une importance particulière qui doivent être abordés dans les prochaines années pour préserver la biodiversité et arrêter le déclin des pollinisateurs.