Un accord qui tient la route

Goodyear et le LIST ont signé hier après-midi un accord de collaboration dans la recherche et l'innovation pour préparer les pneus et les solutions de mobilité des années 2020 à 2030. Les enjeux sont aussi importants pour l'Américaine que pour le Luxembourg.

Source : Luxemburger Wort
Date de publication : 18/11/2016

 

Même Barack Obama roule avec des pneus luxembourgeois: des Goodyear Regional RHS (en 285/70R19.5) équipent «The Beast», le surnom de sa Cadillac One. Ces pneus, dessinés pour des camions, construits et testés à Colmar-Berg, sont les seuls qui conviennent au poids, au châssis et à la taille du 4X4 blindé présidentiel et qui peuvent être équipés du système Hutchinson pour rouler avec les pneus crevés...

Signe que quasiment 60 ans après son installation au Luxembourg pour s'attaquer au marché européen et sept ans après qu'il ait été rebaptisé, le «Goodyear Innovation Centre Luxembourg» reste un site très stratégique pour le groupe américain. Son millier de chercheurs d'une quarantaine de nationalités doivent imaginer les pneus que nous voudrons avoir sur nos véhicules, dans cinq, dix ou quinze ans, que ces voitures soient électriques ou qu'elles doivent se déplacer sur des revêtements intelligents.

38 chercheurs entre deux centres de recherche

Leur rôle devient encore plus important à la lueur des résultats du groupe, soumis à un environnement très concurrentiel: fin octobre, les ventes avaient encore une fois chuté sur le marché américain de plus de 15%, étaient stables en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique et progressaient en Asie mais à des niveaux qui représentent le quart des ventes américaines. L'accord-cadre signé hier après-midi en présence de deux ministres, celui de l'Economie et celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, en témoigne tout autant que l'importance que le gouvernement, comme ses prédécesseurs, attachent à conserver ce fleuron industriel au Luxembourg.

Le groupe américain n'a que deux centres de recherche et d'innovation, l'autre étant au siège historique même d'Akron, dans l'Ohio. Un an après sa nomination à la tête du GICL luxembourgeois après être passé par ce centre de recherche et d'innovation américain, Carlos Cipollitti s'est félicité de l'accord signé hier pour cinq ans avec le LIST: «L'établissement d'une collaboration de R&D plus formelle avec le LIST a été une décision naturelle pour l'entreprise afin d'accélérer la mise en place de solutions de mobilité que nous développons actuellement pour livrer des produits et des services intelligents selon des besoins futurs des consommateurs.»

«Nous ne pouvons développer en six mois les compétences dont nos partenaires industriels auront besoin en 2020 et au-delà. Nous devons commencer à le faire aujourd'hui», lui a répondu le directeur général par intérim de l'institut, Fernand Reinig.

Les données pour préparer les pneus de demain

Financé par Goodyear avec l'appui de l'Etat par le biais des mesures de soutien à la recherche et au développement, le partenariat de cinq ans permettra de préparer ce futur par 38 postes de recherche à plein temps et un nombre important de postes de doctorat et post-doctorat. Les chercheurs seront basés dans les deux centres. Leurs axes de travail sont doubles. La digitalisation et l'utilisation plus intensive des données permettront de livrer des pneus de plus haute qualité avec des cycles de développement raccourcis, avec assez de flexibilité pour s'adapter à des nouveaux besoins. Et la mise au point de matériaux innovants pour réduire la résistance au roulement et le poids des pneus devraient avoir un impact positif sur l'environnement et sur la consommation grâce à des émissions réduites et à une plus grande efficacité énergétique.

Le Luxembourg s'est toujours débrouillé pour aider la société américaine à se développer au Grand-Duché. Le partenariat n'en est qu'une illustration de plus en attendant que le campus automobile, collaboration notamment de Goodyear avec IEEE ouvre ses portes en 2018.

D'ici là, normalement, Trump roulera aussi en Goodyear.

THIERRY LABRO

 

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