L’additif E171 détecté dans les parois biologiques

Publié le 20/01/2017

Des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et leurs partenaires, dont le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), ont étudié les effets d’une exposition orale au dioxyde de titane, un additif alimentaire (E171) utilisé de façon courante, en confiserie notamment. Ils montrent pour la première fois chez l’animal que le E171 pénètre la paroi de l’intestin et se retrouve dans l’organisme. Des troubles du système immunitaire liés à l’absorption de la fraction nanoparticulaire de l’additif ont été observés. Par ailleurs, les chercheurs montrent qu’une exposition orale chronique au E171 induit de façon spontanée des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40% des animaux exposés. De plus, le E171 accélère le développement de lésions induites expérimentalement avant exposition. Ces résultats témoignent d’un effet initiateur et promoteur des stades précoces de la cancérogenèse colorectale, sans toutefois permettre d’extrapoler ces conclusions à l’Homme et pour des stades plus avancés de la pathologie. Ces résultats sont publiés dans Scientific Reports ce 20 janvier 2017. (Communiqué complet à découvrir sur le site de l’Inra).

Des nanoparticules décelées grâce à l’expertise du LIST

Pour mener à bien cette étude, l’Inra a notamment fait appel aux compétences pointues du LIST en terme de micro analyse en toxicologie. L’étude en toxicologie couplée à la technologie de microscopie ionique, un système d’imagerie à très haute résolution, réalisée au LIST est non seulement unique au Luxembourg mais également très peu développé dans le monde. Ce type d’analyse peut d’ailleurs être réalisé pour d’autres applications qu’elles soient environnementales, cosmétiques ou pharmacologiques.

Grâce à des prélèvements transmis par l’Inra, les experts du LIST en spectrométrie de masse des ions secondaires (Secondary Ion Mass Spectrometry - SIMS) ont pu détecter et localiser des traces de nanoparticules d’E171 dans les parois biologiques, plus précisément au niveau de l’intestin grêle et du colon. Ces traces ont notamment été retrouvées logées dans le noyau des cellules immunitaires des plaques de Peyer. Sur la base de ces travaux d’investigation menées par imagerie SIMS par les chercheurs du LIST, et corroboré par d’autre techniques d’analyse comme celles obtenues sur le synchrotron SOLEIL, l’Inra a pu démontrer pour la première fois que l’additif alimentaire et cosmétique E171 a des effets sur les fonctions immunitaires et sur le développement de lésions prénéoplasiques dans le côlon.

Une réponse aux attentes européennes

En s’impliquant dans cette étude, le LIST répond pleinement à l’ambition européenne d’étudier le devenir des nanoparticules dans notre environnement. Les résultats obtenus au cours de ces travaux seront d’ailleurs poursuivis dans le tout récent projet européen financé par le programme H2020 « The nanoparticle-scope: a new integrated instrument for accurate and reproducible physico-chemical characterisation of nanoparticles » npSCOPE.

Coordonné par le LIST, ce projet vise à développer un nouvel instrument intégré, optimisé pour fournir une caractérisation physico-chimique complète des nanoparticules tant dans leur forme primitive qu’incorporé dans des matrices complexes tels que les tissus biologiques.

>> Consultez l'étude publiée dans Scientific Reports sur le site Internet des publications Nature

>> Consultez l'article publié dans Le Monde"Alerte sur les dangers du dioxyde de titane E171, un additif alimentaire très courant", le 20.01.2017.

>> Communiqué de presse de l’Inra « Additif alimentaire E171 : les premiers résultats de l’exposition orale aux nanoparticules de dioxyde de titane » sur le site Internet de l'Inra

Légende de la photographie : en rouge, la localisation du titane dans les cellules de Peyer

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Dr Jean-Nicolas AUDINOT
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