Laos : Des cartes satellitaires faites au Luxembourg analysent la catastrophe

Publié le 10/08/2018

Dans la soirée du 23 juillet 2018, en Asie du sud est, la République démocratique populaire lao (Laos) a été frappée par des pluies de mousson qui ont engendré l’effondrement d’un barrage hydroélectrique libérant des milliards de mètres cubes d’eau sur les villages alentours et faisant plusieurs milliers de sinistrés. Quelques heures après ce drame, au nom du Programme Alimentaire Mondial (World Food Programme - WFP), l’UNOSAT, le programme opérationnel pour les applications satellitaires de l’United Nations Institute for Training and Research (UNITAR) a activé la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures. Cette collaboration mondiale permet en effet de transmettre des données satellitaires au profit de la gestion des catastrophes naturelles ou d'origine humaine, grâce notamment à une mobilisation des agences et acteurs de la télédétection.

Sollicitation internationale

Afin de pouvoir proposer le maximum de données satellitaires portant sur la zone géographique impactée par la catastrophe et ce de manière fiable et rapide, l’UNOSAT a coopéré avec des institutions dans le monde. Parmi elles, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a été sollicité en tant que fournisseur à valeur ajoutée, une grande première pour l’institut de recherche luxembourgeois.

Le LIST a été invité à participer dans le cadre du tout récent projet de recherche « Disaster RIsk Financing and Transfer » (e-DRIFT) financé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en collaboration avec la Banque Mondiale et dont les cas d’essais ont justement lieu dans les régions touchés par la catastrophe. Au sein de ce projet, le LIST y a en effet pour rôle de développer une archive des inondations observées par les différents satellites opérant dans le Sud-Est de l’Asie pour la période 2002-2018 pour mieux caractériser le risque d’inondation dans cette région.

Des cartes satellitaires au service des autorités

En collaboration avec l’organisation italienne CIMA Research Foundation, le LIST a fourni des cartes documentant l’étendue des inondations correspondant au passage des satellites. Constituant une analyse préliminaire des zones touchées par la catastrophe, rendu possible grâce à un algorithme d’extraction de données scientifiquement validé, ces cartes fournissent une grande aide aux autorités sur place pour faire face à l’urgence de la situation. Grâce à elles, les chercheurs du LIST spécialisés en télédétection et modélisation hydrodynamiques et leurs collègues italiens ont pu détecter :

  • un total de 7,405 hectares de terres inondées dans le district de Sanamxay, et ce 4 jours après l’effondrement du barrage en construction grâce aux images radar des satellites allemands TerraSar-X et Tandem-X acquises le 27 juillet 2018 ;
  • une zone de 1,617 hectares de terres inondées le long de la rivière Xe Kong dans le district de Samakkhixay et ce une semaine après la catastrophe grâce à des images acquises par le satellite coréen Kompsat-5 en date du 30 juillet 2018.

Disponibles sur le site de l’UNOSAT, ces cartes ont par ailleurs été fournies au Global Disaster Alert and Coordination System (GDACS), un cadre de coopération entre les Nations Unies, la Commission européenne et les responsables de la gestion des catastrophes dans le monde entier pour améliorer les alertes, l’échange d’informations et la coordination dans la première phase suivant les catastrophes majeures. Elles sont ainsi intégrées au GDACS Live map qui regroupe l’ensemble des données satellitaires analysées par les parties prenantes impliquées.

Une expertise avérée

Les chercheurs du LIST ont déjà par le passé apporté leur expertise pour la gestion de catastrophes naturelles. Par exemple, en 2017, leurs cartes ont été exploitées par les autorités américaines dans le cadre de la gestion des ouragans Irma et Harvey. Pour plus d’informations sur le sujet, nous vous invitons à (re)découvrir l’article « IRMA ET HARVEY : Les USA utilisent des cartes d’inondations faites au Luxembourg » publié le 14 septembre 2017.

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 Marco CHINI
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 Patrick MATGEN PhD
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