LIFE AskREACH: détection de substances chimiques dangereuses dans les articles de sport et de loisir

Publié le 26/01/2021

« Cette année, je me remets au sport », c’est sans doute la bonne résolution que comptaient prendre nombre d’entre nous cette année… Et comme les salles de sport et autres centres de remise en forme restent fermés jusqu’à nouvel ordre, beaucoup risquent de monter leurs installations fitness à la maison. Mais un nouveau test, mené dans le cadre du projet européen AskREACH, a révélé la présence de substances chimiques dangereuses dans les articles de sport.  

De nombreux articles de sport ont été testés : ballons de gymnastique, tapis de yoga, haltères, cordes à sauter, accessoires de natation, bouteilles d'eau ou encore chaussures de sport provenant de 13 pays européens… Au total, 82 échantillons ont été analysés dans un laboratoire accrédité indépendant, spécialisé dans la détection des « substances extrêmement préoccupantes » (connues sous l’acronyme SVHC) comme les plastifiants, les retardateurs de flamme, les métaux lourds et les alkylphénols. L’accent a été mis sur les produits en plastique souple, indépendamment des fabricants ou des revendeurs.

20 échantillons (soit 24% du total) contenaient des SVHC, dont 9 présentaient une quantité supérieure à 0,1%, obligeant ainsi les entreprises à en informer les consommateurs (sur demande) en vertu du règlement européen REACH sur la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne. Mais malgré les demandes répétées du laboratoire, aucun fournisseur ne s’est plié au règlement.

De plus, 7 échantillons contenaient des plastifiants DEHP ou DIBP, dont l’utilisation est limitée en Europe en raison de leurs propriétés reprotoxiques et de perturbateurs endocriniens. Bien que les produits contenant ce type de substance à des concentrations supérieures à 0,1 % ne soient plus autorisés sur le marché depuis juillet 2020, des concentrations élevées de DIBP ont été retrouvées dans un ballon de Pilates (41%) et un ballon d’exercice (35%).

Un autre article contenait également des paraffines chlorées à chaîne courte (connues sous l’acronyme PCCC), très néfastes pour l’environnement. Selon la Convention de Stockholm, aucun article ne peut circuler sur le marché mondial s’il présente une concentration de PCCC supérieure à 0,15 %. Pourtant, une corde à sauter en contenait 2,6%.

Pour chaque article acheté, une demande d’information concernant la présence de SVHC a été envoyée aux revendeurs. Face à l’absence de réponse (une fois passé le délai légal de 45 jours), la plupart des revendeurs ont dû être relancés. Près de la moitié (44%) ont finalement accédé aux demandes du laboratoire. Les revendeurs d’articles de sport qui présentaient une concentration de SVHC supérieure à 0,1% ont toutefois déclaré que leurs produits ne contenaient pas de telles substances.

Des résultats qui montrent (malheureusement) les limites du règlement REACH : les fabricants ne semblent pas disposés à communiquer sur le sujet et les revendeurs ignorent souvent ce que contiennent réellement leurs produits qui présentent encore, pour certains, des concentrations élevées de plastifiants reprotoxiques, de paraffines ou encore de retardateurs de flamme.

Il est donc primordial d’adopter de nouvelles mesures pour faciliter la mise en œuvre du règlement REACH et, par ricochet, la substitution des SVHC dans les produits de consommation. Première piste de réflexion : faire circuler l’information (sur la présence de SVHC) tout au long de la chaîne d’approvisionnement.  

Initialement, le projet LIFE AskREACH avait été lancé pour sensibiliser l’opinion publique sur la présence de SVHC dans les produits de consommation, en rappelant aux consommateurs leur « droit de savoir » mais également aux fabricants leur « devoir d’informer ». L’application pour smartphone « Scan4Chem » entend ainsi établir une meilleure communication, non seulement entre fabricants et consommateurs, mais également tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Nous invitons donc les consommateurs à utiliser l'application « Scan4Chem » pour tout achat quotidien et à solliciter des informations pertinentes concernant leurs compositions. Les entreprises ne seront disposées à changer que si elles sont régulièrement interpellées à ce sujet.

Toutefois, pour ceux qui souhaitent garder la forme, voici quelques conseils pour faire du sport en toute sécurité :

  • Évitez les articles de sport en plastique, notamment en PVC souple ou en plastique dur bon marché. N’hésitez pas à renvoyer les produits avec une forte odeur de plastique au revendeur ;
  • Privilégiez les labels écologiques, tels que le label écologique européen ou encore l'Ange bleu ;
  • Scannez les articles de sport que vous envisagez d’acheter sur l’application « Scan4Chem » et envoyez une demande d’information concernant la présence de SVHC au fabricant ou au revendeur. Une manière simple et efficace de montrer aux entreprises que les consommateurs veulent des produits plus sûrs !

Pour contribuer au projet AskREACH, rien de plus simple pour les entreprises : il leur suffit de s’inscrire et de télécharger leurs produits sur une base de données dédiée (contact: companies@askreach.eu). Tout au long du projet, elles pourront également tester gratuitement un outil informatique qui leur permettra de communiquer plus facilement sur la présence de SVHC dans leurs produits et ce, non seulement auprès des consommateurs mais également des revendeurs. Contact: askreach@sofia-research.com.

Pour plus d’information, veuillez consulter le rapport dédié sur le site www.askreach.eu.

 

Informations complémentaires:

Seuils légaux :

Substances extrêmement préoccupantes (SVHC) : si des produits présentent une concentration de SVHC supérieure à 0,1 %, le fabricant ou le revendeur est tenu d’en informer le consommateur si celui-ci en fait la demande (selon le règlement REACH).

Les phtalates DEHP, DBP, BBP et DIBP sont interdits depuis juillet 2020 (selon l’annexe XVII du règlement REACH).

Paraffines chlorées à chaîne courte (PCCC) : les articles présentant une concentration supérieure ou égale à 0,15 % sont interdits à la vente dans l’Union européenne (selon le règlement POP, sur les polluants organiques persistants).

Informations sur les substances chimiques détectées :

Les phtalates désigne un groupe d'environ 40 substances chimique, principalement utilisés comme plastifiants pour le PVC. Certains d'entre eux sont qualifiés de perturbateurs endocriniens, ce qui signifie qu'ils sont capables d’interagir avec notre système hormonal et donc d’altérer la fertilité ou le développement de l’enfant à naître. Certains phtalates ont également des effets anti-androgènes (inhibiteurs de la testostérone).

Notez que ces plastifiants sont présents dans de nombreux produits que nous consommons et inhalons au quotidien.

Même à faibles concentrations, les PCCC sont toxiques pour les organismes aquatiques, perturbent le système endocrinien et sont soupçonnées d’être cancérigènes. Les PCCC sont utilisées comme plastifiants et retardateurs de flamme dans les articles en PVC, et comme lubrifiants dans la découpe des métaux. La Convention de Stockholm prévoit d’ailleurs leur retrait du marché mondial et les considère comme l’unes des pires substances chimiques au monde. Depuis, la commercialisation de produits présentant des PCCC à une concentration supérieure ou égale à 0,15 % est interdite.

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Dr Oona FREUDENTHAL
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