La TaskForce COVID-19, mise en place par Research Luxembourg, est le fruit d’un effort commun entre plusieurs institutions de recherche luxembourgeoises, dont le LIST, dans la lutte contre la propagation du virus et le traitement de ses conséquences à travers le Grand-Duché.
La TaskForce s’organise en un total de 13 groupes de travail, axés sur des thématiques différentes sur la COVID-19. Francesco Ferrero, responsable du partenariat du LIST pour la Mobilité, la Logistique et les Villes Intelligentes, explique : "J'ai pris part au groupe de travail numéro 13 créé quelques jours après le début de la TaskForce, et qui se consacre à la surveillance des réseaux logistiques et des chaînes d'approvisionnement" avant d’ajouter que "dès les premiers jours de la crise, il est apparu que cet aspect pouvait devenir critique. Lorsque les gens prenaient d'assaut les supermarchés par exemple, ou lorsque nous avons soudainement vu de longues files de camions après que certaines autorités nationales aient mis en place des contrôles aux frontières, ou lorsque les vols de passagers, qui transportent du fret aérien dans leur soute, ont été fermés".
Francesco explique que dès que Research Luxembourg s'est rendu compte de la situation, la décision a été prise de créer ce groupe de travail supplémentaire en demandant à Benny Mantin, directeur du Luxembourg Centre for Logistics and Supply Chain Management (LCL), de le présider. Ils se sont ensuite tournés vers le LIST et Francesco Ferrero pour le poste de Step Leader.
"Nous surveillons les marchandises", déclare Francesco. "L’un des projets consiste à mesurer la résilience des chaînes d'approvisionnement, ce qui signifie voir d'où viennent tous les composants. Dans une production, vous dépendez de nombreux fournisseurs, qui eux-mêmes dépendent d'autres fournisseurs, de sorte que vous pouvez avoir plusieurs niveaux de fournisseurs. Il est donc très difficile de savoir exactement d'où viennent tous les éléments qui composent un produit final, et ce, même pour les responsables logistiques des grandes entreprises. Nous essayons ainsi de les aider à identifier les problèmes potentiels tout au long des chaînes d'approvisionnement".
En collaboration avec des responsables d'autres organisations, Francesco a mené une enquête auprès des opérateurs de transport et de logistique au Luxembourg et à l'étranger afin de comprendre les divers problèmes auxquels ils sont confrontés. "Cela peut aller de l'impact du stockage des stocks, des personnes en chômage partiel ou en congé parental, à la pénurie de produits à transporter, en passant par l'indisponibilité des moyens de transport traditionnels, tels que les avions de passagers".
En effet, Francesco explique que 80% du fret aérien mondial est transporté dans la soute des vols de passagers. Dès lors, leur arrêt provoque également l’arrêt de la capacité de fret. "Nous essayions de comprendre tous les types de problèmes qui peuvent survenir, et si les autorités peuvent soutenir les entreprises de quelque manière que ce soit".
"Je représentais le LIST au sein de la TaskForce, organisée par Research Luxembourg, qui est en quelque sorte une fédération de toutes les organisations de recherche au Luxembourg. Sous son nom, elle comprend et regroupe l'Université du Luxembourg, le SnT, le LIH, le LCSB, le LISER, le FNR et le LIST. Le PDG du LIST, Thomas Kallstenius, m'a nommé pour représenter le LIST.", explique Francesco avant de souligner que le Ministère de l'Economie, Luxinnovation et l'agence publique Incert ont également apporté un soutien important.
La TaskForce 13 a réussi à réaliser deux enquêtes et a déjà publié l'une d'entre elles. "Dans la première, nous avons eu un taux de conversion vraiment élevé de 55 % et beaucoup d'entreprises ont répondu. Nous avons publié un rapport avec les résultats agrégés, ce qui a permis aux entreprises de se comparer, de comprendre où se situe leur concurrence, et quels sont les problèmes communs ou spécifiques", précise Francesco.
Les résultats ont également permis aux autorités de mieux comprendre les points critiques et de les classer par ordre de priorité. Une deuxième édition a été réalisée environ six semaines plus tard, avec cependant un taux de conversion plus faible en raison de la sortie du pic de la crise par le pays. Les activités des entreprises avaient dès lors repris. "Nous pensons donc que les dirigeants se sont concentrés sur le redémarrage de leurs activités, mais nous prévoyons toujours de publier un deuxième rapport succinct", déclare Francesco.
Au-delà des enquêtes, un document détaillé analysant les risques potentiels pour les chaînes d'approvisionnement et l'impact de la situation a été publié. Ce dernier avait pour objectif de fournir des conseils sur les diverses caractéristiques des différentes chaînes d'approvisionnement en fonction du produit. Le document analyse également les différents facteurs de risque et donne des recommandations au gouvernement, ainsi qu'aux opérateurs privés, afin qu'ils puissent accroître leur résilience maintenant et à l'avenir.
"Il y a eu ensuite un webinaire présentant les résultats. Désormais, une série de webinaires hebdomadaires est organisée organisé par le LCL et traite des chaînes d'approvisionnement spécifiques ou de sous-sujets. Des actions qui permettent de poursuivre la sensibilisation des opérateurs à la nécessité de se préparer pour une prochaine crise. Il pourrait s'agir d'une prochaine vague de la COVID-19 ou de quelque chose de totalement différent. Des conseils généraux peuvent donc s’appliquer. ", explique Francesco.
Le groupe de travail de la TaskForce a également coordonné la soumission du projet de recherche conjoint du LIST et du LCL, ACTING NoW, financé par le FNR. "Nous l'avons rédigé ensemble et travaillons maintenant pour une période de six mois à l’élaboration d’un prototype de tour de contrôle de la chaîne d'approvisionnement afin de pouvoir fournir des outils, comme un tableau de bord et une application mobile à trois types d'acteurs : les entreprises privées du secteur, les autorités nationales et les services de force de l’ordre. Ces outils pourront ensuite être utilisés pour suivre l'évolution des chaînes d'approvisionnement et pour détecter les premiers signes de détresse", conclut Francesco.
Francesco Ferrero est le responsable du partenariat pour la Mobilité, Logistique et Villes intelligentes depuis 2016 auprès du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). Auparavant, Francesco était le chef du programme stratégique Ville Intelligente de l'Istituto Superiore Mario Boella, à Turin. Francesco a édité un manuel de recherche sur les villes économiquement, écologiquement et socialement durables et a participé à plusieurs projets de recherche appliquée liés. Il a notamment été, de 2016 à 2018, le coordinateur du projet CIVITAS SUCCESS Horizon 2020 portant sur la manière d'améliorer la mobilité et les flux logistiques associés aux travaux de construction. Francesco est, depuis son commencement, membre du Working Group on Smart Mobility (WGSM), fondé à la suite d'une décision du gouvernement national, en mai 2016, de reconnaître la mobilité intelligente comme une opportunité économique pour le Luxembourg et de mettre en place les structures nécessaires pour libérer son potentiel. Depuis avril 2018, il est également membre du conseil d'administration du Cluster for Logistics Luxembourg, un groupe dont la vocation est d’encourager toutes les initiatives qui renforcent la position du Luxembourg en tant que plateforme logistique intercontinentale. Actuellement, Francesco est en train de réaliser un doctorat à l'Université du Luxembourg sur la mobilité multimodale guidée par les données pour les futures Villes Intelligentes (de l’anglais : Data-driven Multimodal Mobility for Future Smart-Cities).