Un suivi personnalisé des mauvaises herbes pour une alimentation plus sûre

Publié le 25/11/2020

Au cours des dernières décennies, plusieurs herbicides ont été reconnus pour leurs risques de toxicité sur l'environnement et la santé. Si une transition vers une agriculture biologique permettrait de pallier ces problèmes, une telle initiative requiert néanmoins plusieurs années d'efforts et de soutien pour être viable. Une option qui n’est parfois pas envisageable pour les agriculteurs qui doivent poursuivre leur activité tout en étant confrontés à une résistance croissante et souvent méconnue des mauvaises herbes dans leurs cultures.

Une approche personnalisée pour évaluer avec précision la résistance des mauvaises herbes

L'objectif de Sergiu Treer, Katrin Scherer et leur équipe est de fournir aux agriculteurs une solution prête à l'emploi pour limiter l'utilisation des herbicides et donc garantir une alimentation plus sûre. « En 2020, nous avons surveillé plus de 600 champs à travers le Luxembourg, et parmi ceux-ci, plus de la moitié ont connu différents problèmes d'infestation de mauvaises herbes, de mauvaises herbes qui ont échappé au traitement. Pour nous, il est désormais essentiel de découvrir la raison pour laquelle ces centaines de populations de mauvaises herbes sont toujours là, dans la culture, après avoir été traitées avec des herbicides qui auraient dû les éliminer », explique Sergiu Treer, ingénieur au LIST et membre des projets nationaux Sentinelle IV & V.

Avec une approche personnalisée qui prend en compte la localisation d’une culture, l’équipe de Sergiu évalue si les mauvaises herbes sont résistantes à une série d'herbicides ou si cela provient de conditions environnementales ou encore d'erreurs pratiques. Ces informations permettent aux scientifiques de fournir des recommandations directes et fondées sur une science rigoureuse aux agriculteurs ainsi qu’au gouvernement. Il est ainsi possible d’éviter une pulvérisation d’herbicides inefficaces ou de manière surabondante. « L'action des agriculteurs consiste alors à éliminer les produits qui ne fonctionnent pas, ce qui permet de réduire la quantité de produits chimiques pulvérisés. C'est notre objectif final pour ce travail », détaille Sergiu.

Vers une alimentation plus sûre : Donner les bons outils aux agriculteurs et aux pouvoirs publics

En tant que membre de l'initiative « BETTER TRAINING FOR SAFER FOOD » de l'Union européenne, Sergiu est autorisé à organiser des débats publics, des sessions de formation et à diffuser des informations sur les principes de la lutte intégrée contre les parasites énoncés dans les directives européennes IPM. « La combinaison de ces informations européennes à nos projets nationaux nous permet de fournir aux agriculteurs des informations clés concernant la résistance de leurs propres mauvaises herbes aux herbicides, mais aussi de leur expliquer nos résultats par le biais, par exemple, de nos champs et serres de démonstration », ajoute Sergiu.

Leurs enquêtes constantes sur les champs sont également diffusées aux conseillers du Ministère de l'Agriculture du Luxembourg (ASTA), qui peuvent à leur tour conseiller les agriculteurs en cas de problèmes de résistance confirmés dans leur région. Avec une base de données en constante expansion, les informations mises à la disposition des agriculteurs sont de plus en plus précises et personnalisées.

Les agriculteurs sont les principaux bénéficiaires de ce projet du LIST. Le deuxième bénéficiaire - et souvent invisible - est le consommateur. Moins de produits pulvérisés sur les cultures signifie en effet moins de résidus dans les cultures et le sol, mais aussi une exposition moindre à ces produits chimiques.

 

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